En route pour le maquis !
Un sympathique lecteur nous fait remarquer que nous avions oublié de publier le numéro 35 !
Selon Georgette Seigle, Raque et Langlade étaient soupçonnés de trahison par le GA en août 1944. Paulette Coly, secrétaire de Krekler, abonde en ce sens : elle aurait même tapé un rapport en août 1944. Les deux GA étaient recherchés pour avoir trahi et ils devaient même être fusillés[1]. Et, selon G. Seigle, c’est la raison qui pousse le groupe de Jim et Tito à les faire partir au maquis. Diantre.
Oui, car lorsqu’elle avait été interrogée le 9 novembre 1944, la secrétaire n’avait jamais parlé de cette volonté de Krekler d’exécuter ses deux GA. Krekler lui-même n’y avait fait aucune allusion à l’automne 1944 devant l’inspecteur Pohl. Comme quoi, les témoignages, ça vient et ça va.
C’est Pierre Langlade, frère d’André, qui négociera auprès de Pierre Panel le départ de son frère et de Raque au maquis . Sous le nom de « Hugonnet », Pierre Langlade travaille dans la résistance avec Panel.
Langlade arrive à convaincre Panel ainsi : son frère était entré au P.P.F. « à son insu ».
De surcroît, il « [avait] fait évader cinq prisonniers en gare des Brotteaux et [il avait] remis deux revolvers et deux cartes allemandes à Jim et à Tito[2]. »
Panel cherchera à se dédouaner en 1945. D’une part, il aurait eu connaissance de l’implication des deux GA dans l’affaire Boursier après la guerre. Pour un chef de groupe qui « savait tout » ce qui se passait à Lyon, l’excuse est bien légère. D’autre part, il situe la demande de Pierre Langlade au début de juillet 1944. Or, à cette date, Raque et Langlade n’ont encore remis aucun document ni « carte allemande » à Jim et Tito. À l’instar de G. Seigle ou de P. Coly, Panel s’emmêle les pinceaux et ment dans sa déposition. C’est le 5 août, c’est-à-dire au dernier moment, que Raque et Langlade donnent leurs cartes de GA à la résistance, si tant est qu’ils les aient données. Jusqu’au 5 août, ils en ont besoin pour travailler avec Krekler.
Des maquis proches de Lyon, il y en a. Mais Panel choisit de les envoyer dans un autre département, au maquis de Crue, là où Doussot est arrivé en juin 1944 avec une douzaine de Gestapistes de Lyon. Une coïncidence peut-être ?
Raque et Langlade arrivent donc en Crue le 12 août selon leurs déclarations de novembre 1944, le 6 août selon celles de 1945.

Selon leurs dires, ils participent à la libération de Mâcon, Sennecey-le-Grand et Châlon-sur-Saône. Ayant signé leur engagement pour le 4e Bataillon de choc[3], ils se battent ensuite sur le front de Belfort.
Jusqu’au 21 septembre, le Commando cantonne à Bergesserin (Saône et Loire) où il est rattaché à la 1ère DMI (Division de Marche Indigène) puis au 9ème DIC (Division d’Infanterie Coloniale). À cette date et jusqu’au 26, les Compagnies sont dirigées sur Avannes Avenay (Au Sud Ouest de Besançon) pour des missions de patrouilles dans le secteur de Medières – La Pretière – Longevelle.
Pour leurs actes de bravoure, Raque et Langlade auraient reçu la croix de guerre. Information qui ne peut être vérifiée.
À suivre…
[1] AD Rhône 394W 178 : déposition de G. Seigle du 10 octobre 1945 et déposition de Paulette Coly du 2 octobre 1945.
[2] AD Rhône 394W 178 : déposition de Pierre Panel (1909-1999) devant le juge Merlin, 2 octobre 1945.
[3] https://bergesserin.fr/decouvrir/histoires/4eme-bataillon-de-choc/