Geronimi, le tueur

Le 28 juillet, Geronimi est à la recherche d’un résistant juif : Charles Izraelski. Charles est né à Paris le 18 août 1927. Les époux Izraelski ont trois autres enfants : Samuel, Henri et Zlata dite « Lola ». Vers 1937, ils sont installés à Lyon au 5 place Croix-Paquet où le père a un atelier de couture. D’autres membres de la famille Izraelski vivent déjà dans la capitale rhodanienne, dont deux des frères de Michel. Seul Samuel, l’aîné des enfants de Michel, reste à Paris.

En 1939, Lola milite à la Ligue Internationale contre l’antisémitisme avec de jeunes lyonnais : Rosette David, Denise Nahmanowicz, Suzanne Rotberg, Simon Gerson, Maurice Algazzi, etc. En juin, ils accueillent à Lyon le président de la L.I.C.A., Bernard Lecache.

Le Droit de vivre, 10 juin 1939.

La famille Izraelski est durement touchée : Michel est déporté en 1943 ainsi que son frère, Juda. En 1944, Feymet (ou Fanny) -épouse de Charles Izraelski- est arrêtée à son tour puis déportée. Aucun des trois n’a survécu.

Le 28 juillet, Geronimi et deux autres GA se présentent au 5 place Croix Paquet. S’y trouvent Lola, son frère Charles et Itka Melachowicz[1].

Selon Le Maitron en ligne, Lola a de faux papiers au nom de Lucienne Imbert.

Dans la clandestinité, Charles, lui s’appelle Lavégie. Ce dernier est résistant.

Envoyé à Lyon en mission, il doit retrouver dans un café un émissaire qui ne viendra jamais. Le 27, place Bellecour, il assiste aux exécutions de cinq résistants : Albert Chambonnet, Francis Chirat, Albert Dru, Léon Pfeffer et René Bernard[2].

Selon l’ancien résistant Philippe A. Boiry, Lola ouvre la porte. « C’était la police allemande qui effectuait des contrôles. [Charles] présenta sa carte d’identité, l’individu ne regarda même pas. Charles comprit que l’affaire tournait mal pour lui. Il décida alors de tenter de s’enfuir et demanda d’aller boire de l’eau. Deux hommes sur les quatre qui l’avaient accompagné, le regardèrent remplir une bouteille. Soudain le jeune homme frappa violemment le premier adversaire avec le récipient. Sa sœur Lola, qui venait d’entendre le bruit de la chute, entra en courant. Les deux autres policiers la suivirent et tirèrent immédiatement. La pauvre jeune femme reçu une balle en pleine poitrine, elle mourut presque aussitôt. Quant à Charles, en tombant à terre, il sentit qu’un projectile lui avait traversé la cuisse gauche. Les Allemands s’emparèrent de sa sœur pour la transporter dans la pièce voisine. C’est à ce moment-là que Charles Lavégie, dans un sursaut d’énergie, enjamba la fenêtre et sauta dans la rue depuis le deuxième étage. Perdant beaucoup de sang, il se traîna pendant trois cents mètres pour se réfugier chez une connaissance voisine, Mme Brun. Sur sa demande, elle prévint un ami, Francis Miglio. Ce dernier s’empressa d’avertir Simon Trinka qui travaillait pour la Résistance avec la sœur de Charles Lavégie. »

À suivre…


[1] Née le 24 janvier 1888 à Ostrow, Pologne.

[2] Boiry A. Philippe. Les jeunes dans la résistance. Périgueux : Pilote 24 édition, 1996, 94 p., p. 51. Philippe Boiry présente dans cette brochure les parcours de jeunes résistants dont celui de Lavégie.