Les derniers déportés de Lyon

Sultana, Haïm, Simbul, Jackie et Suzanne

Haïm dit « Vidal » Alharal est né à Smyrne (Turquie) le 22 décembre 1897. Il a épousé Simbul (dite « Violette ») Counio, née à Smyrne le 25 août 1900. Le couple a deux enfants : Jackie, né le 1er avril 1928 à Lyon et Suzanne, née le 19 mars 1931. En 1944, toute la famille vit au 9 de la rue Mortier avec la grand-mère paternelle, Sultana Counio, née le 20 septembre 1853 à Smyrne également. Haïm exerçait la profession de gérant de la société « Comptoir de bonneterie du Nord » où il avait également des parts. Sur sa fiche d’incarcération à Montluc, on notera qu’il est alors « négociant ». Haïm Alharal a été naturalisé Français par le décret du 3 septembre 1930.

Jackie fréquente le lycée Ampère. Il n’a que 16 ans et sa petite sœur Suzanne vient de fêter ses 13 ans en mars. On lit sur différents sites que la famille Alharal a été déportée par la Gestapo de Lyon[1]. Certes. C’est exact.

Mais ce 24 juillet 1944, c’est bien Saïd Touati et son équipe de GA qui se présentent à la porte des Alharal. C’est un concours de circonstances qui conduit Touati au 9 de la rue Mortier. Quelques heures auparavant, il a arrêté Nicolas Berger, dentiste, place du Pont avec trois autres GA : Guy Robert, Rossot, François Chretien et Anjelras[2]. Même si Chretien est ce jour-là « chef d’équipe », Touati fait les poches du dentiste : c’est toujours 22 000 francs qui tombent déjà dans leur escarcelle. Sentant sûrement que Berger a plus d’argent, ils se rendent chez lui pour « perquisitionner » l’appartement. Berger tente de s’enfuir par la fenêtre et se casse la jambe[3].

Les GA en profitent pour faire le tour de l’immeuble, des fois que. Et ils trouvent les Alharal.   

La famille est déportée de Lyon par le convoi n°78, le 11 août 1944.

La petite Suzanne décède le 15 novembre 1944 à Auschwitz et son père Haïm le 21 janvier 1945. La grand-mère Sultana, elle non plus n’est pas revenue. Seuls « Violette » et son fils Jackie seront libérés d’Auschwitz en janvier 1945 et rapatriés en mai.

À suivre…


[1] AJPN.org et deportesdelyon.fr

[2] Il peut s’agir de Marcel Enjolhas, né le 11 avril 1914 mais Enjolhas est plutôt répertorié comme GA dans le secteur de Pradelles.

[3] Conduit à l’hôpital de l’Antiquaille, N. Berger y reste jusqu’à la Libération.