Les convois : l’affaire du train Lyon-Paris

Arrêter c’est une chose. Mais les GA doivent également convoyer les transports de réfractaires. Langlade et Raque y ont participé, mais ils n’ont pas accompagné le convoi du 12 août 1944, puisqu’ils sont déjà à pieds d’œuvre au maquis de Cluny.

Le 12 août, un train de réfractaires doit partir de Lyon pour rejoindre Paris. Il est gardé par des Allemands et par huit à dix GA. Parmi eux sont identifiés : Camille Pellerin, Lucien Arbona, Emery, un Algérien (Touati ? Hamouche ?).

Selon Krekler, « Pellerin était l’un des plus dangereux du groupe d’action. C’était un tueur et il avait certainement plusieurs assassinats sur la conscience. » Quant à Saïd Touati, c’était « un sadique et il se distinguait par son zèle à torturer les prisonniers[1]. »

Le 12 août, le train entre en gare de Mâcon. Première halte. Les GA vont en ville où ils arrêtent six jeunes gens. Ils les remettent aux Allemands. Camille Pellerin en aurait arrêté trois.

Le train repart le dimanche 13 et arrive à Chalon-sur-Saône à 17 heures.  Entre 17 et 21 heures, quatre jeunes gens seront abattus. Voici la version de Jean Bouvret (brigadier de manœuvre à la gare de Chalon-sur-Saône), entendu par l’officier de police judiciaire le 18 juillet 1946, au sujet de Camille Pellerin.

« Vers 20h, un train de prisonniers civils français s’est arrêté en gare de Chalon-sur-Saône. Ce train venait de la direction de Lyon et se dirigeait sur Dijon. Il s’agissait de jeunes gens de 18 à 25 ans. Ils étaient gardés par des miliciens français, les uns en civil et les autres en tenue allemande, et par des soldats allemands. Un milicien français en civil a fait descendre d’un wagon un jeune homme, et un homme porteur de la tenue allemande mais parlant le français sans accent, l’a abattu d’un coup de revolver dans la nuque. Le milicien en civil avait dénoncé ce jeune homme auparavant à l’individu qui portait la tenue allemande, l’accusant d’avoir voulu s’évader. Je précise que le milicien appelait cet homme « chef ». Ensuite l’individu qui avait abattu le jeune homme a donné l’ordre d’en faire un descendre trois autres et il les a abattus de la même façon que le premier. Dans la photo de Pellerin que vous me présentez, je reconnais formellement l’un des miliciens qui gardaient le convoi. Ils étaient en civil et armés d’une mitraillette. C’est lui qui a accusé le jeune homme d’avoir voulu s’évader en s’adressant à l’individu en tenue allemande qui a abattu les quatre jeunes gens[2]. »

Des meurtres à Sennecey-le-Grand

Puis, au retour, le train est attaqué par le maquis à hauteur de Sennecey-le-Grand. Le train stoppe. GA et Allemands descendent et en profitent pour incendier deux fermes après les avoir pillées. « Ils assassinèrent une dame Bataillant et arrêtèrent deux femmes, d’après un témoin. Pellerin faisait partie de la bande[3]. » Marie Bataillard (et non Bataillant) -née le 8 juillet 1877 à Sennecey-le-Grand- a en effet un dossier au SHD de Caen[4]. À son nom peut-être faut-il rajouter également celui de Marie Sabre[5], décédée six jours après le passage des Allemands et des GA au village. Comme Marguerite, elle appartient aux « victimes civiles de la guerre », une victime des GA de Krekler.

Les GA sont de retour à Lyon 18 août.

À suivre…


[1] AD Rhône 394W 2 : Dossier Krekler.

[2]AD Rhône 394W 259 : Dossier Geronimi

[3] AD Rhône 394W 59 : Dossier Geronimi. Son nom figure sur le monument aux morts de Sennecey, de même que celui de Marie Sabre.

[4] SHD Caen Cote AC 21 P 309874 : Marie Conry, épouse Bataillard, née le 8 juillet 1877 à Sennecey-le-Grand.

[5] SHD Caen Cote AC 21 P 396103 : Marguerite François, épouse Sabre, née le 4 avril 1889 à Saint-Rémy (71).