Assassiner des résistants

Lorsque nous avions publié un article relatif à l’ancien élève de La Prat’s de Cluny Jean Ulrich Grubenmann le 17 avril 2020[1], nous avions écrit ce que nous avions relevé comme informations à son sujet dans le livre de Bruno Permezel[2] : Grubenmann avait été arrêté par la Gestapo et torturé par elle. Reprenons les faits, à la lumière de nouvelles sources.

Dans l’Armée secrète en 1943

« Agent de l’Armée secrète depuis le mois de janvier 1943, il donne son aide au colonel Vincent et au lieutenant Barnet, tuant un chef de la Gestapo, transmettant des plans de l’aérodrome de Bron (Rhône) pour le bombardement du site.

Le 17 août 1944, il organise une réunion clandestine dans le local d’un Café situé avenue de Saxe (…), en vue de préparer la destruction des bureaux de la Kommandantur situés à Charbonnières (Rhône). Ayant pris la défense d’un compatriote maltraité par des Allemands, il a une altercation avec la Gestapo à sa sortie de l’établissement. Pendant sa fuite, il est blessé.

Entre les mains de ses poursuivants, il est jeté dans la benne d’un camion réquisitionné sur place. À la faveur d’une manœuvre volontaire du chauffeur, il peut réussir à prendre le large. Mais dénoncé par des passants, il est repris puis placé sous surveillance plus étroite.

Après interrogatoire par la Gestapo (place Bellecour), il est assassiné. »  

Si l’on en croit Bruno Permezel, la Gestapo est responsable de l’arrestation de Grubenmann. Or ce sont cinq « policiers allemands », autrement dit des GA de Krekler, qui font irruption dans un local avenue de Saxe le 17 août[3].

Parmi eux, les deux GA Touati et Hamouche dit « le chinois ».

Ils tirent sur le résistant. Seulement blessé, ils le traînent place Bellecour où Touati va l’achever d’une balle dans la nuque. Son corps sera ensuite jeté dans le Rhône. Les deux versions sont quelque peu différentes car dans le dossier de Geronimi, on ne fait aucune allusion à l’évasion du résistant.

Quoi qu’il en soit, on connaît maintenant le nom de son meurtrier : le GA Saïd Touati.

Le corps de Grubenmann sera retiré des eaux du Rhône le 20 août 1944, dans le port d’Ampuis.  

Jean Ulrich Grubenmann a obtenu la mention « Mort pour la France[2] ». Sauf erreur de notre part, son nom n’est inscrit sur aucun monument aux morts. En tant qu’ancien élève de l’École pratique, sa mémoire sera honorée le 7 mai prochain à Cluny.


[1] Voir l’article : Jean Ulrich Grubenmann, Prat’sien de l’Armée secrète, 17 avril 2020.

[2] Permezel, Bruno. Résistants à Lyon, Villeurbanne et alentours : 2824 engagements. Lyon : Éditions BGA Permezel, 2003, 740 p., p. 317.

[3] AD Rhône 394 W 259 : récapitulatif des affaires liées aux GA.