La rafle de juillet 44 à Bourg-en-Bresse

« Le 10, la Sipo S.D. de la Gestapo de Lyon, sous les ordres du sous-lieutenant S.S. Barbie, auquel sont adjoints des hommes de troupes (sans doute les cosaques casernés à Aubry), aidée par la 3e unité de la Milice sous les ordres de Dagostini, opère une rafle de 1 280 hommes de 17 à 45 ans dans les rues de Bourg. L’opération commence à l’aube. La mairie informe les habitants de la ville des mesures prises par les Allemands : la population doit rester chez elle sans sortir depuis maintenant jusqu’à la fin des opérations.

1° tous les hommes de 17 à 45 ans doivent se rassembler pour 7h 30 sur les places suivantes : pour les hommes du secteur sud, cours de la Préfecture – pour les hommes du secteur nord, cours de Verdun. Pour les hommes du secteur ouest, place Clémenceau. Devant l’hôpital pour les hommes du secteur Est.

2°Ils devront être porteur de leur carte d’identité, de leur livret de famille et carte de travail.

3° toute personne de 17 à 45 ans qui ne sera pas à 7h 30 sur les lieux de rassemblement sera fusillé.

4° Des visites à domicile seront faites.

5° La police municipale en uniforme se rassemblera pour 7h 30 au commissariat de police – la gendarmerie se rassemblera à la caserne.

Les autres policiers se rendront sur les lieux de rassemblement, comme le reste de la population » Les accès au centre-ville sont bloqués par les troupes allemandes qui refluent vers le centre. Des patrouilles allemandes sillonnent les rues[1]. »

Krekler et vingt de ses GA ont accompagné Barbie. Parmi eux, Geronimi et Joseph Cardinali. Ce dernier a quitté la Milice en volant une mitraillette et a alors choisi d’entrer au GA. Il n’a que dix-huit ans. Le 25 septembre 1944, en présence de Cardinali[2], Krekler déclare ainsi devant l’inspecteur Pohl, au sujet de la rafle de Bourg-en-Bresse :

« Je précise que le rôle de mon service constitue consistait uniquement à canaliser les réfractaires au S.T.O. arrêtés par la police allemande et auxquels il n’y avait rien d’autre à reprocher. Pour ce travail j’ai pris avec moi vingt hommes de mon groupe d’action et je leur avais interdit de participer en quelque sorte que ce soit, à l’action de la police allemande qui ne nous regardait pas en tant qu’opérations policières. Malgré mes ordres, Cardinali ici présent et Mazas[3] et Poulain[4] ont désobéi et, de leur propre initiative, ont fait des contrôles d’identité en ville. Cardinali et Mazas ont même par excès de zèle refoulé un certain nombre de personnes dans la cour de la préfecture de Bourg. La police allemande a fouillé les douze cents personnes ainsi enfermées dans la cour. Deux jeunes gens, sans doute de la résistance, ont été trouvés porteurs de chargeurs de fusils allemands.

L’Obersturmführer Barbie de la police allemande de Lyon a fait conduire ces deux jeunes gens devant lui puis a montré les deux chargeurs allemands à la foule composée de douze cents personnes et a ensuite sans ajouter un mot abattu de son pistolet les deux personnes de la résistance. Autant que j’ai pu le savoir, il s’agissait de deux frères[5]. »

Marcel Lamberet et son demi-frère Léon Servillat ont été exécutés par Barbie[6].

À leur retour à Lyon, Cardinali trouvera même le culot de demander une prime à Krekler pour « les deux types » qu’il a arrêtés avec Mazas. Quant à Geronimi, il niera toute participation. Selon lui, les hommes arrêtés à Bourg auraient même été relâchés sur ordre de Darnand[7]

À suivre…


[1] https://www.resistance-ain-jura.com/42-non-categorise/310-la-rafle-du-10-juillet-1944-de-bourg.html

[2] Joseph Cardinali né le 7 mars 1926 à Lyon 2, ex-milicien. Habitait 20 rue Parmentier.

[3] Louis René Mazas, né le 25 nov. 1913 Lyon 3. Décédé en 1996.  Habitait au 10 avenue de Saxe.

[4] Georges Poulain né le 2 août 1918. Habitait au 8 cours Gambetta. A été garde du corps de Geronimi.

[5] AD Rhône 394W 259 : PV du 25 septembre 1944 – confrontation Krekler et Cardinali.

[6] https://maitron.fr/spip.php?article196698

[7] AD Rhône 394W 259 : Interrogatoire de Geronimi par le juge d’instruction G. Micolier, 8 novembre 1945.