Times of Israel, 7 octobre 2021.

L’ancien ministre de la Justice Robert Badinter a été interrogé par le média Brut sur les récents propos d’Eric Zemmour, qui a défendu à maintes reprises le régime collaborationniste de Vichy – sans citer le polémiste. Il en a aussi profité pour adresser un message aux jeunes.

Comme des internautes avant lui, l’avocat a rappelé l’histoire de proches durant la Shoah.

« Ma grand-mère paternelle a été arrêtée en octobre/novembre 1942, le jour de Yom Kippour. Elle était très malade. Elle a été arrêtée par les policiers français sur une rafle décidée par Bousquet », a-t-il relaté.

« Elle a descendu l’escalier. Elle hurlait, la vieille femme, parce qu’elle était très malade. Elle était dans un immeuble populaire, les portes s’ouvraient : ‘Blam, blam’ ‘Salauds, lâchez cette vieille femme ! Vous ne voyez pas qu’elle est malade ?’ », a-t-il mimé.

« Et il y avait un voyou milicien avec un pistolet à la Lucien Lacombe [personnage du film éponyme de Louis Malle de 1974, qui a dit : ‘Le premier qui ouvre sa gueule, je la lui brûle. Ça fera jamais qu’une youpine de moins.’ Et on l’a descendue tout l’escalier dans le silence absolu de l’immeuble, on l’a mise là, dans le camion, on l’a emmenée direct à Drancy, elle est partie la nuit même, et elle est morte dans le train d’Auschwitz. C’est ça, la vérité humaine. »

« Aux jeunes générations d’y veiller. »

« Et ça, peut-être, ceux qui aujourd’hui élèvent des doutes, devraient s’en souvenir », a-t-il affirmé, avant d’alerter : « La vérité, il faut toujours la rappeler, parce que je m’interroge souvent au soir de ma vie. Ça me paraissait… Un orage emporté par les vents de l’histoire. Je n’en suis plus si sûr. Aux jeunes générations d’y veiller. »

À lire aussi, Robert Badinter « Idiss », un livre sur sa grand-mère maternelle.