Et il ne faudrait pas oublier. Belle initiative que prennent les Presses universitaires de Lyon. Si on n’a pas planté à Cluny d’arbre en sa mémoire (mais il n’est jamais trop tard pour bien faire), il est temps de commander ce livre.

AFP, publié le jeudi 23 septembre 2021 

« Les Presses universitaires de Lyon publient jeudi le mémoire de maîtrise de Samuel Paty consacré à l’histoire contemporaine de la couleur noire, près d’un an après la mort de l’enseignant, décapité après avoir montré en classe des caricatures de Mahomet.

Christophe Capuano, professeur d’histoire contemporaine à l’université Grenoble-Alpes qui était un ami de Samuel Paty depuis leur rencontre sur les bancs de l’université à Lyon, s’est félicité de cette publication « exceptionnelle » qui va « faire entrer Samuel dans les bibliothèques ».

Le projet que M. Capuano a initié en accord avec la famille du défunt, à laquelle seront reversés les bénéfices sur la vente du livre, est une façon « de rendre un hommage universitaire à Samuel Paty mais aussi un hommage culturel pour éclairer une part de sa personnalité ».

Samuel Paty, 47 ans, a été décapité le 16 octobre 2020 près de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) par Abdoullakh Anzorov, un jeune réfugié tchétchène qui lui reprochait d’avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves.

Son mémoire, intitulé « Le noir, société et symbolique, 1815-1995 », avait été soutenu en 1995, alors qu’il était étudiant en histoire à Lyon. 

Le texte s’intéresse, avant les monographies de Michel Pastoureau sur les couleurs, aux représentations et à la symbolique du noir en allant puiser aussi bien dans la littérature, la peinture que dans des références cinématographiques ou musicales.

« Il s’interrogeait sur la fascination – et la répulsion – de la société pour le noir, ce qui permettait d’interroger des questions existentielles et spirituelles », explique à l’AFP M. Capuano, assurant que « des travaux postérieurs ont corroboré les intuitions » de l’apprenti historien. 

Dans leur préface, M. Capuano et l’historien Olivier Faure préviennent les lecteurs de ne « pas relire certains passages – comme ceux consacrés aux œuvres d’Odilon Redon – de manière prémonitoire ou anachronique, même si nous pouvons ressentir un certain malaise au regard des circonstances tragiques de la mort de l’auteur ».

Samuel Paty remarquait, dans son mémoire, que « les têtes coupées sont nombreuses » dans l’œuvre du peintre et graveur symboliste.

Un autre hommage « sur le plan scolaire » sera également rendu à l’enseignant au travers d’un prix à son nom, créé à l’initiative de l’Association des professeurs d’histoire et de géographie, qui sera remis à l’automne 2022. 

Pour sa première édition, les collégiens seront invités à proposer un projet, sur tout type de support, répondant à la question : « Sommes-nous toujours libres de nous exprimer ? ».