Selon J-L. Guillier[1] -son grand-père Albert Simonot- est parti de rien : il était colporteur, parcourant la campagne autour de Cluny. À la veille de se marier à Jeanne Galland de Jalogny en 1908, il a l’opportunité de racheter le commerce de bonneterie situé rue Lamartine appartenant alors au fils Gerbe de Montceau-les-Mines.

Cet ancien commerce est occupé actuellement par la Banque Populaire.

Sa première épouse meurt deux ans plus tard et il se remarie avec Germaine Convers qui décède en 1918 de la grippe espagnole. Trois ans plus tard, il épouse en troisièmes noces Maria Borell, veuve Giraud qui a eu un fils d’un premier mariage.

Entre les deux guerres, l’ancien colporteur a un compte en banque bien fourni, précise J-L. Guillier. Hormis le commerce de la rue Lamartine, il a réussi à acquérir également une tricoterie située place de l’abbaye.

Selon Nadine Roiné, cette manufacture « occupe l’angle de la place de l’abbaye contre l’ancienne école des filles. En transformant l’hôtel des Deux pavillons, monsieur Simonot, grossiste en mercerie rue Lamartine, donne un nouvel essor à l’économie clunisoise, malmenée par la Grande guerre[2]. »  

AP, famille Burdin.

Arrivent les années 1940. La résistance s’active contre la famille Simonot : en mars puis septembre 1943, pas moins de deux attentats, une explosion au domicile et une bombe factice déposée à la porte. Voici ce que rapporte Marius Roux (professeur à La Prat’s) dans ses Mémoires :  » Des dégâts plus importants avaient été causés à la bonneterie Giraud-Simonot, dont le directeur était le chef, crâneur, de la milice locale.  Plutôt que d’alerter la police française, trop inerte à son gré, il s’adressa à la Gestapo. »

Il faut dire que le beau-fils de Simonot sera exécuté par la résistance à Genouilly le 12 octobre 1943. Outre son activité de milicien, (chef de trentaine), Giraud réquisitionnait les laines pour le département. La tricoterie Simonot a prospéré, peut-être grâce aux réquisitions ?

Les employées de chez Simonot.

Albert Simonot meurt d’une attaque cérébrale le 31 janvier 1943. Il est enterré à Cluny avec son beau-fils Giraud. Son épouse quittera précipitamment la ville. A-t-elle participé aux dénonciations du mois de février 1944 pour se venger de l’assassinat de son fils ? Certains Clunisois le pensent.

La manufacture Simonot sera détruite dans les bombardements du 11 août 1944.

Trois tricoteuses perdront la vie dans le bombardement.

·     Gruet, Suzanne, née à Cluny en 1922. Célibataire, tricoteuse, domiciliée au 18, place de La Liberté.

·    Letouche, Suzanne, née à Cluny en 1922. Célibataire, elle vit au 18, de la rue d’Avril et exerce la profession de tricoteuse.

·   Trouillet, Louise. (Veuve Chevillon). Bonnetière, elle est née à La Vineuse en 1896. Elle habite au 14, de la rue Municipale. Son fils Théophile Chevillon a été arrêté le 17 janvier 1944 à Mont-Cortevaix. Il décédera à Mauthausen le 9 mars 1945.


[1] Voir l’article : « Giraud, milicien à Cluny, 1943- (1) »

[2] Roiné Nadine. Au pays de Cluny. Saint-Cyr sur Loire : Éditions Alan Sutton, 1998, 128 p., p. 40.