Berty à Fresnes ?

Ce qui ressort d’un rapport du commissaire de police adressé au préfet de Mâcon le 29 mai 1943, c’est que rien n’a filtré entre les polices française et allemande. L’enquête du commissaire de police ne permet pas d’identifier Alexandre Truchi -secrétaire de Marcel Peck- qui avait peut-être de faux papiers. Truchi sera déporté à Buchenwald le 22 janvier 1944.

Mais, fait important, le commissaire signale au préfet, toujours dans ce rapport du 29 mai, que « la dame inconnue » serait restée à l’hôtel Terminus.

Qu’en est-il ? Pour Dominique Missika, Berty est envoyée à la prison Montluc de Lyon. C’est une certitude puisqu’on arrive à lui transmettre des colis pour vérifier sa présence. Puis, « la situation se gâte » et on la transfère à la prison de Fresnes[1]. Or, aucune source sérieuse ne corrobore le fait que Berty soit passée par la prison Montluc.

Berty est restée sous bonne garde à l’hôtel Terminus à Mâcon pendant que Moog et ses acolytes partaient pour Cluny perquisitionner chez Gouze.

Siège de la Kommandantur, Mâcon.

En fin d’après-midi, elle est transférée à Paris, peut-être par Moog qui empochera -comme à l’accoutumée- une belle somme d’argent. Lorsqu’elle sort de l’hôtel Terminus, des témoins la voient le visage tuméfié. Berty est passée entre les mains du Gestapiste et de ses acolytes.

Barbie, resté à Lyon, ne voit personne revenir de Mâcon. En effet, cette arrestation est une belle prise mais elle ne lui est pas réservée, Moog ayant travaillé pour l’Abwehr et non pas pour le SD. Barbie enrage et le 29 mai, il envoie Multon à Mâcon pour enquêter sur l’opération de la veille[2]. Multon revient bredouille.

À suivre…


[1] Missika Dominique. Berty Albrecht, féministe et résistante. Paris : éditions Perrin, coll. Tempus, 2005, 365 p., pp. 284-285.

[2] Baynac Jacques. Présumé Jean Moulin, Juin 1940-Juin 1943. Paris : Grasset, 2007, 1104 p., p. 727. Déposition de Multon du 9 février 1945.