France 3 nous abreuve ces derniers temps avec une série d’articles sur F. Mitterrand. Normal. 1981-2021.
Mais pitié, messieurs les journalistes, vérifiez vos sources avant d’écrire de pareilles sornettes. Vous avez de très bonnes biographies qui ont été publiées -celle notamment de Pierre Péan- et si c’est trop long ou trop ardu, regardez Wikipedia !
« Capitaine Morland » dès 1940 !
Dans un premier article publié le 7 janvier 2021, Léo-Pol Platet écrit : « En pleine Seconde Guerre mondiale, François Mitterrand entre en résistance. Au cours de l’année 1940, celui qui se fait appeler » capitaine Morland » est parachuté à Cluny. C’est dans cette commune de Saône-et-Loire qu’il rencontre Danielle Gouze, agent de liaison pour un réseau de résistance. Alors qu’elle n’a que 17 ans, Danielle est déjà très impliquée dans la Résistance, notamment par le biais de son père, Antoine Gouze, un résistant de la première heure[1]. »
M. Plattet doit donc ignorer que F. Mitterrand était prisonnier de guerre, qu’il s’est évadé à la fin de l’année 1941 et qu’il travaille ensuite pour Vichy. Il y a même gagné une francisque !
Quant au terme « parachuté », faut-il le prendre au premier ou au second degré ? Parce que si Mitterrand est arrivé par les cieux à Cluny, cela relève du miracle !!!
Alors pour votre gouverne, M. Plattet, non F. Mitterrand n’a jamais fait de résistance à Cluny. Quant à l’implication de sa belle-famille dans la résistance, rappelons brièvement que ce n’est qu’au printemps 1943 que Frenay et Albrecht logeront chez eux.
Et France 3 remet ça. Dans un deuxième article publié ce jour, Gael Simon renchérit :
Là, François Mitterrand a même intégré le maquis de Cluny : « Résistant dans le maquis de Cluny (Saône-et-Loire), ville où il rencontre son épouse Danielle Mitterrand. » Jusqu’à présent, tout le monde savait que le couple s’était rencontré à Paris par l’intermédiaire de Madeleine Gouze, mais ce n’est qu’un détail.
Mitterrand, un grand résistant made in Cluny !
Mais, cerise sur le gâteau, le journaliste poursuit : « Au début des années 1940, François Mitterrand se fait appeler François Morland et anime dans la Résistance un réseau de libération de prisonniers de guerre à Cluny, en Saône-et-Loire. C’est dans le maquis de la commune qu’il rencontre Danielle, dont la famille a quitté Verdun (Meuse) en 1940[2]. »
Eh bien, M. Simon, force est de constater qu’on ne savait pas, à Cluny, que nous avions eu « un réseau de libération de prisonniers » et encore moins que Danielle Gouze œuvrait dans un maquis où elle aurait rencontré son « futur »!
Reconnaissez que c’est une drôle de réécriture de l’Histoire !
Mais bon, ce soir dans les chaumières de Cluny, j’en connais quelques-uns qui vont bien se marrer ! Je pense là aux enfants de résistants. Celles et ceux qui n’ont pas oublié.
Ah, j’oubliais : lundi prochain, ne manquez pas le documentaire « François Mitterrand, une vie en Bourgogne » rediffusé sur France3. On va peut-être encore avoir droit à des révélations de première main !
[1] https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/francois-mitterrand-six-choses-meconnues-ancien-president-bourgogne-1911796.html
[2] https://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/archives-francois-mitterrand-de-cluny-a-chateau-chinon-et-solutre-les-images-d-un-president-en-bourgogne-2075629.html La famille Gouze arrive de Villefranche-sur-Saône en 1940, dernier poste occupé par Antoine Gouze en tant que principal de collège pendant la guerre.