Le sabre et le goupillon
À la mort de Kuhn, c’est Vincent Dubois qui s’occupera de la société Chorale et d’Harmonie. Mais, à la fin du XIXe siècle, celle-ci rencontre de la concurrence.
L’abbé Hippolyte Gauthey, est né le 5 décembre 1861 à Saint-Léger-sous-Beuvray. Curé à Igé, il a été installé curé de Saint-Marcel en 1894. Selon les Annales de l’Académie de Mâcon, ce musicien fervent « a fondé successivement, l’Union musicale de Chevagny-les-Chevrières, la Fanfare d’Igé. Chef d’orchestre habile, M. Gauthey est un compositeur de mérite il a remporté, en Belgique, la médaille du mérite artistique de première classe au concours musical (composition) ; il est membre titulaire de l’Académie du Hainaut et membre d’honneur de l’Union humanitaire internationale de Naples. »
À Cluny, il fondera en 1897 l’Harmonie « La Lyre ».

À côté de ces deux formations, on trouve encore trace dès 1895 d’une Société des Trompes de chasse. En 1896, son président est G. Bouchacourt. En 1898, il est également fait mention de la société l’Indépendante[1]. Rajoutons encore la société musicale de l’École Nationale Pratique d’Ouvriers et de Contremaîtres dirigée en 1896 par son distingué chef -M. Haslinger-, celle de l’École primaire supérieure de Dameron, celle des pompiers et pour finir la chorale de l’école primaire.
En mai 1905, on assiste encore à une nouvelle venue : la « Cluny Estudiantina », fondée par M. Benasse, rue du Merle. Il s’agit d’une société de mandolinistes. Pour 3 francs, on peut appartenir à cette société où l’on trouve… des femmes ! Dirigée par Régis Duvernay, la vice-présidente est Melle Taboulet assistée d’une secrétaire, Melle Monnier. Dans cette fin de siècle, toutes ces sociétés ou associations qui émergent dans le paysage clunisois, dynamisent incontestablement la ville. Certes, au point de vue culturel, mais également au point de vue économique. Débits de boissons et restaurants profitent de cette nouvelle manne avec l’organisation des banquets dont nous avons relaté l’expansion. En 1898, lorsque la société Chorale et d’Harmonie joue au théâtre et défile dans les rues, les festivités se terminent à l’hôtel du Commerce : les membres de la société y festoient pour 4 francs.
Les années 1900 sont festives dans la cité abbatiale et de nombreuses manifestations populaires sont organisées. Bien entendu, on se rencontre au théâtre mais également souvent dans les jardins du parc abbatial.
Chaque formation y va de son concert annuel, suivi du traditionnel banquet et d’un bal.

8 décembre 1899. Fête annuelle de la Société chorale et d’harmonie.
Les formations musicales accompagnent bien sûr la fête patriotique du 14 juillet qui rassemble, sans distinction de classes sociales cette fois-ci, tous les Clunisois. En 1897, en voici l’organisation.

4 000 lanternes vénitiennes sont accrochées dans les jardins de l’abbaye. La Marseillaise est jouée par la fanfare de l’École Nationale Pratique d’Ouvriers et de Contremaîtres.
Et puis il y a les manifestations sportives : les courses hippiques, celles du club vélocipédique et celles de l’association « la Concorde » créée en 1896. En cette fin du XIXe siècle, si tous les Clunisois ne sont pas sportifs, ils peuvent néanmoins assister aux fêtes clôturant ce genre de manifestations en pleine expansion. Si les bals organisés « en intérieur » sont réservés aux notables de la ville, il n’en est pas de même pour ceux qui se passent en extérieur. La liesse est au rendez-vous. En 1895, demandez le programme !
Certes, chaque formation a son pré carré et ce n’est pas La Lyre qui se charge d’aller en musique accueillir à la gare les députés radicaux qui viennent parler politique et festoyer en 1898 ! Ce n’est pas non plus La Lyre qui a charge de divertir les fêtes patriotiques du 14 juillet ! Toutefois, lorsqu’il s’agit d’organiser un concert en faveur des déshérités ou des sinistrés, deux Harmonies -laïque ou non- peuvent se produire ensemble. En 1902, La Lyre de l’abbé Gauthey et « L’Indépendante » donnent un concert en faveur des sinistrés de la Martinique. De nombreuses sœurs de Saint-Joseph (dont des Bourguignonnes) périrent lors de l’éruption de la montagne Pelée.
Lorsque l’abbé Gauthey décède le 18 octobre 1908, frappé d’apoplexie alors qu’il allait chanter les vêpres, nombreux seront les Clunisois à lui rendre hommage. À la direction de La Lyre, il sera remplacé par l’abbé Chetaille. La formation existera au moins jusqu’au milieu des années 1930. En 1936, elle accompagne encore certaines cérémonies religieuses, notamment à Saint-Marcel. Elle est alors dirigée par Mrs. Paperin (directeur) et Bourgeois (sous-chef).

La Société chorale et d’harmonie et La Lyre participent aux fêtes du Millénaire.
Au fil du XXe siècle, une autre formation musicale verra le jour. Il s’agit du « Réveil » et nous sommes en 1927.

Les musiciens soutiennent leurs camarades sportifs de « La Concorde », une des plus anciennes associations sportives à Cluny dont nous reparlerons.
À suivre…
[1] Nous n’avons trouvé aucun renseignement au sujet de cette formation.