« J’aurais préféré que mon ancêtre soit du bon côté. »
Une lectrice nous écrivait dernièrement :
« J’ai 65 ans et je sais depuis mon adolescence qu’un de mes ancêtres a fait partie de la collaboration pendant la seconde guerre mondiale. Je n’ai jamais su quelle avait été son implication mais je me suis toujours imaginé que ce devait être grave puisqu’il a été exécuté en mai 1946. Bien évidemment la famille a posé une chape de plomb sur ce secret honteux mais tous les descendants (enfants) de cette branche familiale ont été impactés de diverses manières. Moi qui suis de la seconde génération (petite-fille) j’ai ressentie très tôt de la honte pour cette partie de mon histoire familiale.
Tout en étant consciente que je ne suis en rien coupable des actes de mes ancêtres, j’ai le sentiment d’avoir hérité génétiquement d’un sentiment de culpabilité. »
Depuis, Me X a décidé d’aller consulter les archives concernant son ancêtre. Et c’est une démarche courageuse que nous saluons.
En France, le sujet des « enfants de la collaboration » est toujours tabou. Mais en Belgique, le voile est levé : » N’ayant pas fait le choix de leur filiation, comment ces enfants vivent-ils cet héritage et l’opprobre qui a suivi l’épuration ? Quels furent leurs parcours personnels ? Ce « sombre » passé est-il assumé, traumatique ou nié ? » telles sont les questions abordées dans cet exceptionnel documentaire réalisé par Tristan Bourlard : « Les enfants de la collaboration ».
Un sujet tabou
« De 1940 à 1944, l’Allemagne nazie a occupé la Belgique. Des dizaines de milliers de Belges ont collaboré. Ces hommes et ces femmes sont morts. Cependant, leur engagement affecte encore leurs descendants. Les familles des collaborateurs wallons et bruxellois refusent généralement de témoigner. Ce sujet est tabou. Toutefois, certains ont accepté de partager le poids de leur histoire et de leurs sentiments face à ce passé. Grâce à ces témoignages, le temps est venu pour nous de raconter la collaboration en Belgique.
Des archives inédites
Le documentaire raconte l’histoire de la collaboration wallonne et bruxelloise selon les témoignages d’enfants de collaborateurs et d’archives inédites. Ces descendants évoquent, à visage découvert, leurs souvenirs et l’histoire de leurs parents. Pour la première fois, en Belgique francophone, nous plongeons dans la mémoire intime du rexisme et de la collaboration au régime nazi. N’ayant pas fait le choix de leur filiation, comment ces enfants vivent-ils cet héritage et l’opprobre qui a suivi l’épuration ? Quels furent leurs parcours personnels ? Ce « sombre » passé est-il assumé, traumatique ou nié ?
Pour conclure, ces enfants découvrent le dossier pénal de leurs parents. Cette confrontation à la vérité judiciaire, factuelle et historique confirme ou infirme leurs croyances. La construction de la mémoire, les secrets de famille, l’histoire « honteuse » de la collaboration forment les trames de ce récit. »
À suivre…