Elle a une belle plume Lucette Desvignes. Je lui « pique » sur son blog cette description d’un printemps en Saône-et-Loire. Vous la connaissez sûrement : elle est l’auteure des « Nœuds d’argile » qui relate une histoire où l’on retrouve des artisans-potiers, de Bourg, de Cluny et de Tournus. Nous sommes en train de terminer cet énorme volume.

On vous en reparlera mais laissons place au printemps. Et aujourd’hui, il semble pointer le bout de son nez, le printemps.

« En revenant de Saint-Ythaire, dans cette lumière superbe d’un printemps de S. & L., je sentais fourmiller et revivre en moi toutes mes radicelles du cru. C’est vrai, la S & L m’émeut infiniment et sans cesse. Nous franchissons pour le retour la ligne de partage des deux départements comme nous franchirions le pas entre le bonheur et la sage résignation. Hier la petite virée à Cluny, si brève, si limitée  (puisque nous n’avons même pas eu le temps d’aller jusqu’à Gros Chigy – nom étonnant, chargé de toutes les richesses du passé local, avec la proximité du Téméraire toute différente de signification du clinquant dont on barde le nom en Côte d’Or) nous a cependant permis de voir les verts si jeunes, si frais (en avance d’un mois presque sur les environs de Dijon) des arbres qui repartent, avec les taches blanches des troupeaux des charolaises dans les prairies et les biques grignotant ici et là n’importe quoi, pourvu que ce soit interdit.

Et les vignes, du côté de Montagny, qui nous paraissent en toute saison bien aussi belles que celles du Clos Vougeot… Et puis, l’ivresse de sinuer à travers Buxy ou Saint-Gengoux après que l’œil les ait découvertes de loin avec leurs ensembles de toits, leurs clochers à passerelles, leurs tours rondes, leurs tours carrées si élégamment massives, leurs galeries devant chaque maison, ici un lavoir plein de fleurs, là une place étonnante où flottent encore les traces paisibles de l’urbanisme médiéval. A chaque instant, cités, bourgs endormis, fermes isolées ou panoramas dégagés, sans brume hier donc ayant perdu un peu de leur mystère mais acquérant une autre forme de poésie, nous ont faire dire comme un refrain, à l’envi, que nos Américains seront transportés lorsque nous leur ferons faire ce tour, à loisir, à pied, à cheval, en voiture, en long, en large, en travers, le cœur débordant.

Ah! cette Saône-et-Loire… C’est là, sans le moindre doute, que bat le cœur de la Bourgogne. » 

http://lucette-desvignes.over-blog.com/article-printemps-en-s-et-l-47003474.html