À la veille de commémorer l’opération de la SIPO-SD à Cluny entre les 14 et 17 février 1944, voici un article consacré à un résistant oublié : Roger Muller (résistance P.T.T. à Lyon). Comme d’autres résistants nés à Cluny et « Morts pour la France », son nom ne figure pas sur la stèle du Pont de l’Étang.

Roger Muller est né le 13 juillet 1911 à Cluny. Il est le fils d’Annette Muller (1893-1962). Elle a eu un autre enfant : Germaine, née également à Cluny en 1913 et décédée à Lyon en 1978. En 1921, Annette vit avec ses enfants et la grand-mère (Marie, née en 1856 à Mazille) avenue du cimetière à Cluny. Selon le recensement de 1921, les deux femmes sont « sans profession » et la vie ne doit pas être facile.

Dans les années 1930, Annette épouse Jean Saumaize (1893-1969).

On retrouve son fils Roger à Lyon dans les années 1940. Il travaille aux P.T.T.

Le Central D.V. saute à Lyon

Le 19 novembre 1943, une formidable explosion secoue le quartier de la grande poste. Dans la cour arrière de la Direction régionale des télécommunications, le « Central D.V. allemand », l’un des cinq exemplaires de ce type existant dans l’armée du Reich, qui centralise toutes les communications militaires, vient de sauter. Il ne sera jamais remplacé. Le coup est énorme.

Sans que l’on sache quel rôle exact ils ont joué dans cet attentat, Roger est arrêté avec son collègue Paul Cledat (1903-1945) qui ne reviendra pas de déportation.

Déporté, matricule 38694

Roger part de Compiègne le 14 décembre 1943 pour Buchenwald avec Claudius Mangeard qui a toujours été considéré par les Clunisois comme le « premier » déporté. Le camp de Buchenwald sera libéré par les Américains le 11 avril 1945. Roger Muller ne reverra pas la France mais décédera le 1er mai à Sulingen[1], peut-être à l’hôpital anglais où sont soignés de nombreux déportés. Il avait trente-trois ans.

Les Honneurs

Le nom de Roger Muller figure sur la plaque commémorative de la résistance P.T.T. à Lyon dans le 2e arrondissement. Il a obtenu la mention « Mort pour la France » et est décoré, à titre posthume, de la médaille de la résistance.

Enfant de Cluny, enfant oublié. Le nom de Roger Muller devrait figurer sur la stèle du Pont de l’Étang à Cluny, au même titre que celui de Claudius Mangeard.


[1] http://www.bddm.org/liv/details.php?id=I.161.#MULLER, Service historique de la Défense, Caen, Cote AC 21 P 519 228