« Father Brown »

La gare de Cluny semble avoir le vent en poupe ces derniers jours ! Alors encore un petit article, histoire de donner du grain à moudre à nos 1 344 lectrices et lecteurs du mois de janvier.

Bon. Saviez-vous qu’il n’y avait pas que le château de Berzé-le-Châtel qui a été un haut-lieu de tournage cinématographique ? Eh oui, il y a quelques décennies, Cluny itou ! Une lectrice assidue nous transmet deux pépites, documents iconographiques à l’appui. Alors un grand merci à Marie-Claude dont le père a participé aux éclairages sur le tournage du film. Car, grâce à elle, on va tout d’abord parler cinéma et gare de Cluny. Pour la deuxième pépite, il faudra attendre un peu. Clunyhistoiresd’Histoire est débordé…

Parlons aujourd’hui de Father Brown.

En 1954, Robert Hamer réalise Father Brown ou le Détective du bon Dieu, film britannique, d’après l’œuvre de G.K. Chesterton. Wikipedia nous indique que le film est un remake partiel du film Father Brown, Detective de Edward Sedgwick, avec Walter Connolly, dont le scénario est également fondé en partie sur la nouvelle « La Croix bleue » de G. K. Chesterton.

Bon, apparemment, il a des fans ce film :

« Father Brown est basé très librement sur les aventures du héros créé par GK Chesterton et dont les aventures ont été publiées avec beaucoup de succès de 1911 à 1935. Le père Brown -joué par Alec Guinness- n’est pas un prêtre comme les autres. Détective amateur à ses heures, c’est un instinctif (et non pas un cérébral à la Sherlock Holmes) excentrique mais obstiné.

Il y a eu de nombreuses adaptations cinématographiques, télévisées ou radio des aventures du Père Brown. Ici on retrouve Robert Hamer derrière la caméra. Hamer n’a pas une filmographie très étendue (notamment à cause de problèmes d’alcoolisme) mais il a bien entendu signer quelques très grands classiques : la comédie “Kind Hearts & Coronets” (Noblesse Oblige, 1949) et le film noir “It always rains on Sunday” (1947). On retrouve ici sa remise en cause des autorités (quelles qu’elles soient) typique de ce cinéaste anarchiste. Par contre, “Father Brown” jette un regard inhabituellement optimiste (pour Hamer) sur le genre humain si on en juge par la scène finale.

Niveau casting, on retrouve le toujours excellent Alec Guinness dans le rôle principal[1]. Il incarne un Father Brown qui, sous ses allures de brave homme, n’hésite pas à attaquer de front les autorités ecclésiastiques et policières. Father Brown ne condamne pas les voleurs et est bien plus intéressé par le fait de sauver leur âme que de retrouver le butin. Ce qui ne fait pas de lui un ami naturel de la police ou même de ses supérieurs du clergé. Face à lui, Guinness peut compter sur un Peter Finch en forme et une Joan Greenwood toujours aussi belle et majestueuse – il avait déjà croisé cette dernière à plusieurs reprises dans “Kind Hearts…” (1949) et “The Man in the White Suit” (1951).

Le film se passe en partie en France, notamment à Paris (avec une séquence dans les catacombes). La réalisation de Hamer est solide, mais le film reste de toute évidence moins rythmé et nettement plus inoffensif que “Kind Hearts…”. “Father Brown”, comme son personnage principal, manque un peu de mordant – je pense qu’une fin plus ambiguë aurait pu bénéficier au film. En l’état “Father Brown” reste une comédie familiale de grande qualité[2]. »

Le film est sorti le 8 juin 1954. Ce n’est pas un navet puisqu’il était en compétition pour le Lion d’Or à la Mostra de Venise… Certes, il y avait du lourd cette année-là un Fellini, un Elia Kazan, un Visconti, un Kurozawa et c’est le Roméo et Juliette de Castellani qui remporta le prix. Et tous ces films étaient des monuments, de vrais monuments du cinéma. Personnellement, j’ai toujours eu un faible pour les Visconti.

Bon, vous jugerez par vous-même : voici quelques scènes de Father Brown :

Si une partie de l’intrigue se déroule en France, certaines scènes furent filmées où ? À la gare de Cluny, eh oui mon cher Watson ! et aussi dans les environs (Sologny) ! Incredible, no ? What could be better ?

Vous pouvez regarder le film et puis, si pour vous c’est d’un « autre temps », il y a la série (2013-2021). Une centaine d’épisodes pour supporter le prochain confinement qui n’est finalement pas programmé ce soir.


[1] Alec Guinness : Père Brown, Joan Greenwood : Lady Warren, Peter Finch : Flambeau, Cecil Parker : L’évêque, Bernard Lee : Inspecteur Valentine, Sid James : Bert Parkinson, Gérard Oury : Inspecteur Dubois, Ernest Clark (en) : Secrétaire de l’évêque, Aubrey Woods (en) : Charlie, John Salew (en) : Officier de police, Sam Kydd (en) : Sergent de Scotland Yard, John Horsley : Inspecteur Wilkins, Jack McNaughton : Chef de gare, Hugh Dempster (en) : Homme au chapeau melon, Eugene Deckers : Officier de cavalerie.

[2] https://cinemaderien.fr/father-brown-detective-du-bon-dieu-1954/