Croyances et superstitions

« Dans certaines localités, on place encore dans les cercueils quelques ustensiles à l’usage du défunt. Dans le Louhannais, un banquet funéraire a lieu après l’inhumation ; là les larmes cessent et le silence religieux qui succède n’est interrompu que par l’éloge désintéressé de celui qui n’est plus.

Les arrondissements de Charolles et de Louhans sont ceux où il s’est conservé le plus de croyances et de pratiques superstitieuses. La crainte des sorciers, l’horreur du nombre 13, l’aversion pour certaines actions consommées le vendredi, y sont encore généralement répandus.

Ici les vagabonds et les vieilles mendiantes sont en possession du redoutable privilège de lancer à leur gré des sorts et des maléfices. Là le septième enfant mâle a le don de guérir, par le simple attouchement, certaines maladies et surtout les plaies, pourvu qu’elles soient au nombre de trois.

Plus loin, vous rencontrez au printemps une mère agenouillée devant un buisson d’aubépine, et priant avec ferveur pour l’enfant fiévreux qu’elle tient dans ses bras : ses prières doivent monter au ciel avec la douce exhalaison de cet arbrisseau.

Dans certaines localités, on ne fait pas de pain le jour des Rogations : il moisirait pendant toute l’année. Une femme ne met jamais de l’eau sur le feu, sans y jeter un grain de sel ou du blé : sans cette précaution, le bétail de la ferme maigrirait infailliblement.

Une sorte de répugnance superstitieuse s’attache également aux individus sujets aux cauchemars ; on leur donne, dans certains cantons, le nom de fey ou fley, nom qui a quelque analogie avec celui de fée.

Mehnir d’Uxelles

De Noël aux Rois, on ne tient pas les bœufs dans l’étable. Pendant la même période les femmes s’abstiennent scrupuleusement de toute espèce de travaux au fuseau ou à l’aiguille.

Les croyances superstitieuses disparaissent peu à peu ; mais, il faut le dire à regret, avec elles s’en vont ces vertus paisibles, cet antique esprit de famille que l’on aimait tant à retrouver chez l’habitant des campagnes. »

La Bourgogne par A. Ducourneau et A. Monteil.