Passer la bague au doigt
« Les mariages sont encore, dans quelques communes du Charolais, accompagnés de certaines cérémonies. L’époux se présente à la porte de sa fiancée, escorté d’un ou de plusieurs musiciens ; il demande, en chantant, la permission d’entrer. On lui propose alors plusieurs énigmes dont il doit deviner le sens avant d’être admis dans la maison. Un usage des plus anciens consiste à obliger le fiancé à goûter d’un pain qu’on lui présente.

Réclamer une brebis ?
À Pressy-sous-Dondin, et dans quelques communes voisines, on retrouve des coutumes plus singulières encore : la veille de la célébration, le futur et sa famille sont invités à un souper auquel ils ne se rendent pas ; mais à la tombée de la nuit, les frères et les amis de l’époux vont ensemble frapper à la porte de la maison ou le festin est préparé ; ils réclament une brebis.
Après de longs pourparlers, on finit par leur ouvrir la porte, et on leur affirme que l’objet de leur demande ne se trouve pas dans la maison. Toujours persistant, toujours frappant, ils continuent leurs recherches jusqu’à ce qu’ils aient découvert la chambre où sont enfermées toutes les jeunes filles de la noce. L’un des invités sort aussitôt de cette pièce en annonçant qu’il vient de compter toutes les brebis de la maison et qu’il n’y en a pas d’étrangères. Les jeunes filles se présentent alors une à une ; on les fait successivement danser jusqu’à ce que l’on ait trouvé la future qui se tient cachée. Elle paraît enfin et danse à son tour.
Semer les épousés
Les filles, les femmes, assistent au repas et se retirent de bonne heure. Les hommes passent la nuit à table, et attendent ainsi le moment de la célébration. Lorsque les époux reviennent de l’église à la maison, ils en trouvent les portes fermées, et, des croisées, on leur jette sur la tête toutes sortes de grains, du blé, de l’avoine, des fèves : cela s’appelle semer les épousés.
On leur présente ensuite un gâteau qu’ils doivent entamer avec les dents, et du vin dont ils boivent dans le même verre. Les repas, les danses, les jeux recommencent ensuite et ne durent jamais moins de deux jours.
À Saint-Usuge, la fille reçoit, en se mariant, des mains de sa mère, une pièce de toile destinée à lui servir de linceul, et que l’on emploie à aucun usage domestique, sauf le cas d’absolue nécessité ; les jeunes gens présentent aux époux une petite branche d’épines, entourée de fleurs, de fruits et de ruban qui la cachent entièrement ; à la fin du repas, on la dépouille de ses ornements, en chantant une chanson analogue à la circonstance : les convives se partagent les fleurs et laissent l’épine aux mariés.
Il n’y a pas encore bien longtemps, les habitants de la commune d’Uchizy ne contractaient d’alliance qu’entre eux. Les cérémonies usitées pour le mariage rappelaient encore les pratiques anciennes : les deux familles se rendaient à l’église par deux chemins différents ; au retour, tous les conviés, placés sur une file, se rendaient à la demeure nuptiale ; les deux époux traitaient séparément leurs parents respectifs.
Le soir, lorsque les danses étaient terminées, l’épouse revenait un instant chez ses parents pour leur faire ses adieux ; elle les adressait également à tous les objets animés ou inanimés, et témoignait sa douleur par des cris et des sanglots auxquels son mari et ses parents répondaient de la façon la plus lamentable ; enfin un repas réunissait les deux familles, et mettait un terme aux gémissements. »
La Bourgogne par A. Ducourneau et A. Monteil.