Les horreurs de la guerre font que les décès ne s’arrêtent pas le jour du cessez-le-feu. Une famille de Clermain en a fait la malheureuse expérience cent ans plus tôt.

Etienne Baptiste, né à Saint-Point de Claude Baptiste et Benoite Charvet, était maçon avant la guerre. Il décède en 1919, l’année de ses 40 ans. Son registre matricule militaire nous apprend qu’il mesure 1,66 m, avec les cheveux bruns, des yeux gris-bleu, un menton rond et un visage ovale.

En 1911, lors du dénombrement, le nom de l’époque pour le recensement, il habite une maison du hameau « La Mure » (1). Il est marié avec Pierrette, de 6 ans son aînée et originaire de Bergesserin, un village voisin ; la famille comprend aussi son beau-fils et sa belle-fille, âgés de 10 et 9 ans, ainsi que son oncle. La maison abrite aussi son père, lui aussi établi comme maçon.

Etienne Baptiste est réformé lors du conseil de révision, « pour une pointe de hernie inguinale à droite, » et transféré au service auxiliaire. Mais les besoins de l’armée sont importants et cette fragilité physique ne l’empêche pas d’être à son tour jeté dans la campagne militaire contre l’Allemagne, après décision de la commission spéciale de réforme de Mâcon, le 29 octobre 1914.

Le maçon de Clermain est donc incorporé le 2 novembre 1914 au 60e régiment d’infanterie dans l’armée territoriale (2). Après une période d’instruction de 4 mois et demi, il rejoint le front le 15 février 1915. Son unité se trouve alors dans la région de Dombasle, en Meurthe-et-Moselle, puis vers Lunéville par la suite.

Il est ensuite transféré au 326e régiment territorial d’infanterie le 20 juillet 1917. Quatre mois plus tard, le 28 octobre, il est évacué vers l’hôpital de Saint-Gilles, pour une tuberculose pulmonaire, avant de terminer la guerre « au dépôt », où il décède à la fin juin 1919.

Frédéric Renaud

(1) Le cahier du recensement mentionne le hameau « La Moure ».

(2) Les régiments d’infanterie territoriale, ou RIT, sont des formations militaires composées essentiellement d’hommes âgés de 34 à 49 ans, considérés comme trop âgés et plus assez entraînés pour intégrer un régiment d’active ou de réserve.