Le maquis de Beaubery a été fondé à l’initiative de Paul Guivante de Saint-Gast (réseau Marco-Polo) et de militaires de carrière dont Paul Meyer « Robin » (adjudant-chef au 5e Régiment de Dragons, réseau Marco-Polo), Gaston Gireaud « Petit-Jules » (sous-officier au même régiment) et Olivier Ziegel « Claude » (adjudant de réserve du génie). Les premiers réfractaires au S.T.O, écrit André Jeannet, arrivèrent au maquis en avril 1943. Dès juillet, le maquis comptait environ 150 hommes.

À l’automne 1943, les Allemands sont sur les dents. Tout commence en septembre par le sabotage de voies ferrées coupées à l’aide d’explosifs. Puis, le 26 octobre, Paul Garon et Charles-Louis Cayotte (réseau Marco-Polo) font dérailler un train à Uchizy. Des Italiens prisonniers s’évadent et rejoignent le hameau de Prayes. La villa de Ch-L. Cayotte est encerclée dans les jours qui suivent. Il réussit à s’échapper et rejoint le Beaujolais, en ayant eu le temps de prévenir Garon. Ce dernier sera arrêté à Mâcon le 4 février 1944 avec André Gaudillat de Tournus ; les deux résistants seront fusillés à Dagneux le 12 juin 1944.

Les Allemands viennent une première fois à Beaubery à la fin du mois d’octobre, là où le maquis s’est installé en avril 1943. Ils arrêtent un résistant, le torture : il s’agit de Pierre Bailly qui est en possession d’un pistolet. À la suite d’un attentat commis à Lyon le 10 janvier 1944, Bailly est sorti de Montluc avec 21 camarades. Ils seront tous exécutés dans les caves de l’avenue Berthelot. Comment les Allemands ont-ils eu connaissance d’un maquis installé dans la région ? Par Fernand Garcia, « Canton », espion à la solde de Merck, chef de la section III de l’Abwehr de Dijon.

Le 27 octobre, le corps franc-mobile AS de Louis Vincent « Prince » et Pierre Goyard « Gros » et des maquisards de Beaubery (dont Paul Garon, Gérard Busset et Eusebio Blasco) s’emparent d’un camion de gasoil et tuent ses deux convoyeurs. Les Allemands fouillent le village de Beaubery et retrouvent le 7 novembre le camion planqué à la gare. La veille, les résistants ont également organisé une razzia aux chantiers de Jeunesse de Cormatin pour récupérer notamment des vêtements. Pour les Allemands, ça suffit : Beaubery et ses environs sont dans le collimateur.

Les cafetiers de Mary (Gasparine et Lucien Desrats) où se sont arrêtés les résistants pour nettoyer le sang sur le camion volé sont arrêtés : le couple décédera à Ravensbrück (Gasparine) et à Hartheim (Lucien).

Puis la petite bourgade de Charolles est visée : on y recherche « Prince » et Goyard. Les Allemands cernent l’hôtel de l’Europe mais ne les trouvent pas. Ils emmènent le propriétaire des lieux, M. Maréchal. Il décédera en déportation.

Le 11 novembre 1943, les résistants s’apprêtent à déposer une gerbe au monument aux morts de Montmelard avec le capitaine « Claude » (Olivier Ziegel), mais leur élan est brisé par l’arrivée de 450 Allemands.

Ceux-ci attaquent le groupe de cinquante hommes restés à Villars que tente de rejoindre un détachement envoyé par le capitaine « Claude ». C’est peine perdue et les pertes sont lourdes : quatre résistants sont tués (Philibert Blanc, Fernand Hoclet, René Perrin et Marc Rigault) et deux hommes ont été faits prisonniers : Marcel Hirbec, blessé, hospitalisé, sera fusillé à La Doua le 3 juillet 1944. Lucien Ciron décédera de ses blessures.

Selon Claude Rochat, du côté allemand, on comptera vingt-sept tués et une quinzaine de blessés. Ils partent en emmenant des otages (le couple Labrosse : ils décéderont en déportation) et en brûlant des fermes.

Le 12 novembre, les maquisards se replient au hameau de Gillette au-dessus de Gibles avec Claude (Ziegel). Deux hommes seulement sont au courant de ce lieu refuge : Robin (l’adjudant Meyer) et F. Garnier. Le détail a son importance. Le lendemain, les Allemands reviennent à Beaubery et arrêtent à la boulangerie Guilloux « QG » de la résistance où se tient un « conseil de guerre » : Gabriel Guilloux, l’adjudant Meyer, Robert Mongeay. Deux hommes seulement réussissent à s’échapper (Gaston Gireaud « Petit-Jules » et Mangin). Claude Rochat le dira : la prudence aurait voulu que ceux qui étaient repérés ne restent pas à Beaubery.

Replié à Gillette, « Claude » prépare ses hommes le 14 pour les déplacer. C’est alors que les Allemands viennent une dernière fois, toujours en force : un bataillon complet, quatre canons, des mitrailleuses contre lesquels il va être difficile de tenter l’impossible. Au total, treize résistants sont arrêtés, deux tués et un blessé du côté allemand. Arrêtés entre le 11 et le 14 novembre 1943, Paul Meyer, Raymond Falaize, René Richard, Marcel Renard, Michel Mazaud, Lucien Mazaud, Jean Gardenet, Philibert Morel, Antonin Trévino, Georges Bernard, Georges Genevois, Claudius Deschamps, Bruno Quinchez, Jean Sotopietro, Jean Michenot, Lucien Guilloux, passent devant un tribunal militaire et sont condamnés à mort le 15 janvier 1944 « comme francs-tireurs et pour avoir favorisé l’ennemi ». Le jugement a été exécuté le 1er février 44. Seul Robert Mongeay, arrêté le 13, sera déporté et rentrera de captivité en avril 1945.

On peut lire sur ce site les dernières lettres émouvantes qu’ils ont rédigées à l’intention de leurs proches : http://rescapesdemontluc.fr/wp-content/uploads/2014/02/N%C2%B0-10-Hommage-La-Doua-2014-ET-2015-N%C2%B02.pdf

Après le 14 novembre 1943, certains résistants partent pour le maquis de Blanot, celui de Claude Rochat en Bresse ou avec Olivier Ziegel dans le Charollais.

Mais se pose pour tous une question : comment les Allemands ont-ils pu savoir que « Claude » avec ses hommes, s’étaient repliés à Gillette le 14 novembre 1943 ?

À suivre…