Emiland VOUILLON (1890-1918)

Emiland VOUILLON fait partie de ses hommes qui ne sont pas morts au combat ou à la suite de blessure ou à cause de maladie contractée en service. Pourtant son nom est sur le monument aux morts de Jalogny, nul doute qu’il y a sa place.

Jacques VOUILLON (1856-1917) et Louise BOUCHACOURT (1860-1933) étaient cultivateurs à Château avant de s’installer à Jalogny. Ils ont élevé quatre garçons : Claude (1881), Emiland (1890)  et Claudius (1891).

Emiland a effectué son service militaire de septembre 1907 à octobre 1909. Il est nommé caporal en 1908. Au titre de la réserve, il est affecté à une section de chemins de fer de campagnes. Le 11 novembre 1911, il épouse à Jalogny Antoinette LANERY(1892).

Mobilisé en août 1914, Emiland gardera son affectation au chemin de fer de campagnes pendant toute la guerre. En 1918, il a deux filles : Yvonne (1914-1991) et Marie-Louise (1918-2010). Il décède le 17 août 1818. Le témoignage de la petite fille d’Emiland permet de comprendre en quoi il est, lui aussi, victime de guerre :

« Emiland Vouillon était mon grand-père maternel. D’après son frère que j’ai très bien connu, il est mort de la grippe espagnole, à Jalogny, après avoir soigné un soldat, parce qu’il savait faire des piqûres. Sa femme est également morte de la grippe espagnole, à Cluny, six jours plus tard, et on lui avait caché le décès de son mari. Le couple avait deux filles : Yvonne, 4 ans, ma mère, qui a été élevée par le frère de son père et la soeur de sa mère. En effet, les deux frères avaient épousé les 2 soeurs. On lui a simplement dit que sa mère était partie et elle a passé des années à l’attendre. Quant à sa soeur, Marie-Louise, 4 mois, elle a été élevée par sa grand-mère maternelle, Françoise Bourdon. Les deux soeurs se voyaient néanmoins fréquemment. Elles ont été déclarées pupilles de la nation. »

En effet un jugement du tribunal civil de Mâcon en date du 8 octobre 1925 a déclaré Yvonne et Marie-Louise « adoptées par la nation ».

Au lendemain de la Première guerre mondiale, les gouvernants se sont émus de l’hécatombe meurtrière qui fit plusieurs millions de victimes à travers la France. Parmi ces victimes, nombreux furent les enfants qui virent leur vie basculer parce que le père était resté au front. Les mères durent aller « gagner leur pain ». L’absence d’hommes les ont contraintes à se débrouiller pour élever les enfants. La loi du 27 juillet 1917 accorde le titre de pupilles de la Nation aux enfants des parents « les plus méritants ». Il y a ensuite une extension de la définition de cette qualité. 

Près d’un million d’enfants sont concernés suite à la guerre de 1914-1918. Cette adoption apporte des aides notamment  en matière d’entretien et d’éducation.

Jean-Baptiste Lalande