Selon le registre des inscriptions de l’École pratique de Cluny, Jean Potier est né le 27 mai 1919 à Saint-Marcelin-de-Cray (71) et il est « pupille de l’assistance publique ». Lorsqu’il entre à La Prat’s en 1932, le directeur de l’École pratique -Marius Deloire- note qu’il vit à Saint-Marcelin-de-Cray.

L’enquête conduisant à la rédaction de sa notice biographique semblait semée d’embûches : son acte de décès omettait en effet de signaler son lieu de naissance. Seule certitude, son nom était gravé sur le monument aux morts de Saint-Marcelin. En bref, nous ne savions pas grand-chose et Jean Potier, « Mort pour la France » allait rester un mystère.

C’était sans compter sur l’aide de la mairie de Saint-Marcelin-de-Cray. Nous transmettons nos remerciements à A. Chaudat, secrétaire, qui nous a permis de contacter Véronique Bernardet, responsable de la bibliothèque historique aux archives départementales des Bouches-du-Rhône. Elle a très rapidement retrouvé la trace de Jean Potier aux archives départementales de Saône-et-Loire. Nous lui laissons donc le soin de présenter le parcours de Jean et nous la remercions pour son aide.  

Un enfant de l’Assistance

L’acte de naissance de Jean Potier né le 27 mai 1919 à Brion, indique qu’il est le fils de Jeanne Duverger et de Frédéric Potier. L’époux de Jeanne a fait la campagne contre l’Allemagne du 6 août 1914 au 28 janvier 1919. Il a été réformé pour endocardite chronique.

Jeanne Duverger se marie avec Frédéric Potier en février 1919. Elle accouche trois mois plus tard. Jean est donc son fils naturel et Frédéric Potier ne souhaite pas s’en occuper. Jeanne laisse son nouveau-né en garde chez ses parents, qui le mettent en nourrice. Puis celle-ci ne pouvant plus s’en occuper, le père de Jeanne Duverger qui a encore des enfants à élever, le place à l’Assistance publique de Mâcon le 19 août 1919.

Jean Potier est alors confié en nourrice à Catherine Bertin à Donzy-le-national le 30 octobre 1919. Le 6 décembre 1919, il est placé chez la veuve Denise Luzy née Pallot, à Donzy-le-National. Celle-ci va  habiter à Saint-Vincent des Prés en 1920, puis à Saint-Marcelin-de-Cray.

Un enfant intelligent

Jean Potier est scolarisé à Passy de 1928 à 1932 quand il va vivre chez Philippe Luzy, le fils de Denise Luzy, dès le 11 novembre 1927. Il obtient son Certificat d’Etudes Primaires en 1932 et son institutrice -Me Papillon- ravie par ses résultats scolaires et son intelligence, l’incite à entrer à l’École pratique départementale d’industrie de Cluny.

Courrier de son institutrice à l’inspecteur de l’Assistance Publique

Mais ses médiocres résultats scolaires et les nombreuses punitions qu’il reçoit, malgré le soutien de son institutrice qui vient lui rendre visite, l’amène à demander à être retiré de l’école pour retourner dans sa famille nourricière à Passy en août 1933 où il restera une année.

À La Prat’s, le billet vert n’était pas gage d’un travail sérieux.

Le billet vert entraînait la suppression de sortie le week end et parfois celle des vacances…

En 1934, François Vernisse de La Guiche, prend Jean Potier à son service jusqu’en août 1936 ; puis Jean Potier va travailler chez Philibert Lauprêtre à La Guiche de mars 1937 à mars 1938, puis chez Philippe Bonin à Joncy de mars 1938 à juin 1938 ; du 25 juin 1938 jusqu’à fin mars 1940, il entre au service de Jean Marie Forest, meunier à Saint-Marcelin de-Cray.

Son carnet de pupille le décrit comme « un bon sujet intelligent et affectueux » en 1928, « brun, corpulence assez forte, intelligent, caractère ouvert et expansif » en 1932. Mis à part le Directeur de l’École Pratique de Cluny qui le juge « mauvais élève », ses différents employeurs trouvent son travail satisfaisant.

Jean Potier matricule 2629, part faire son régiment en octobre 1939. Dès 1937, il avait demandé à l’Assistance publique l’autorisation de s’engager dans l’armée. Il est affecté à l’Unité d’instruction des élèves gradés de la 32e Compagnie, 5e section dépôt 82 le 21 mai 1940 à Givry.

Majeur le 27 mai 1940, Jean Potier est mort pour la France le 12 juin 1940.

 Selon le site « Mémoire des Hommes », Jean appartient au 71e régiment d’Infanterie et tombe à Try (Oise)[1]. Il y a erreur sur le lieu de son décès : selon l’acte de transcription de décès à la mairie de St-Marcelin-de-Cray, il est mort à Dormans dans la Marne.

Un site est consacré à ceux qui sont tombés à Dormans. N’hésitez pas à le consulter, il est riche d’informations :

http://memorialdormans.free.fr/LesSoldatsDe1940.htm

Jean Potier a obtenu la mention « Mort pour la France ». Son nom figure sur le monument aux morts de la commune de Saint-Marcelin-de-Cray[2].  


[1] Service historique de la Défense, Caen Cote AC 21 P 136413

[2] https://monumentsmorts.univ-lille.fr/monument/15224/saint-marcelin-de-cray-place/