Maurice Claude Marie Lacoque est né le 23 novembre 1922 à Cluny. Claude (1892-1956), son père, est palefrenier au haras. Il a épousé Antoinette Louise Jacquemont en 1920. Le couple aura trois autres enfants : Robert (1924-1983), Henri (1925-1982) et Andrée (1928-1999). Dans les années 1930, la famille habite rue Mercière puis déménage au 23 de la rue Saint-Mayeul dans les années 1940.

Maurice entre à La Prat’s en 1935, section ajustage. Il vient d’obtenir son « certif » le 7 juin à la communale de Cluny. Il y reste deux ans et en sort le 30 janvier 1937. Il exercera la profession de « journalier ». En cette année 1937, son frère Henri réussit son certificat d’études primaires et fait sa rentrée à l’École pratique, dans la section ajustage également. Il en sortira en juillet 1941.  

L’engagement

Les deux frères vont s’engager. Henri qui travaille à la menuiserie Lyon-Standard (communément appelée usine Pardon) est arrêté le 23 avril 1944. L’usine Pardon subira plusieurs « attentats terroristes », le directeur M. Pardon étant acquis à l’idée que la collaboration avec l’Allemagne est une bonne chose.

Henri est arrêté avec un autre prat’sien : Roger Duplessis (promotion 1938).

Selon Roger qui témoigne dans « Le Pire c’est que c’était vrai », les deux jeunes gars avaient voulu donner une leçon à un paysan de Collonges, lequel procédait à des abattages clandestins qui lui permettaient de revendre la viande à des prix prohibitifs.

Henri Lacoque et Roger Duplessis à Dachau

Les deux copains sont conduits à Lyon puis déportés[1] dans le convoi du 29 juin 44 à Dachau. Ils sont ensuite transférés à Kempten, sous-camp de Dachau ouvert en octobre 1943. L’usine où travaillent les déportés sert les besoins en armement du groupe Messerschmidt. Journée de douze heures de travail, une louche de soupe, Henri et Roger vont survivre à dix mois de déportation. Devant l’avance des Alliés, les déportés seront dirigés vers le Tyrol, à pieds bien entendu. Ils croisent les Américains, retournent à Kempten en attendant le rapatriement qui tarde à venir. Débrouillards, les déportés trouvent des camions, les remettent en état et hop ! direction la France ! Vers le 8 mai, ils peuvent enfin joindre leurs familles et prendre la direction de Cluny. Henri ne retrouvera pas un de ses frères : Maurice.

Maurice tué au Bois Clair

Maurice, F.T.P.F. participera à la « bataille du 11 août » avec le grade de lieutenant.  Le Maitron en ligne[2] nous révèle qu’il a été fusillé au lieu-dit « le Bois Clair ». Jean Martinerie qui, comme à son habitude, présente des témoignages du cru, donnera des détails horribles sur sa mort : « un blessé voit s’approcher précautionneusement les éclaireurs allemands. Il fait le mort et assiste à une scène épouvantable : les Feldgrauen se saisissent de Lacoque, blessé, l’enroule dans une couverture qu’ils enflamment au moyen d’essence et de poudre[3]. »  

Stèle au Bois-Clair

L’acte de décès fut dressé le 7 septembre 1944 à la mairie de Cluny. Maurice est inhumé dans le carré des corps restitués au cimetière communal, à Cluny. Le nom de ce Clunisois n’a pas été oublié puisqu’une rue porte son nom dans la cité abbatiale.

Il obtint la mention « Mort pour la France » par lettre du service de l’état civil militaire du 20 mars 1946[4].


[1] Dossier Lacoque : Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 327253 – dossier Duplessis : Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 201404

[2] https://maitron.fr/spip.php?article207621, notice LACOQUE Maurice, Claude, Marie par Jean-Louis Ponnavoy.

[3] Martinerie, Jean. Éléments pour une approche historique de la résistance en Clunysois et lieux circonvoisins. Beaubery : imp. Turboprint, 2010, 311p., p. 224.

[4] Service historique de la Défense, Caen Cote AC 21 P 65974 et Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 327255