Vous l’avez compris : on aime bien dans le blog ClunyHistoired’histoires retrouver la trace des « oubliés-e- » et qui appartiennent pourtant à l’histoire de notre ville.
Jean Dehan, un F.F.I. oublié.
Alors, à la veille de commémorer le 11 août 1944, on ne se souviendra pas seulement du lieutenant Albert Schmidt. Voici deux notices biographiques : une publiée demain, consacrée au lieutenant Maurice Lacoque, que l’on connaît peut-être un peu car il a une rue à son nom, et puis celle-ci dédiée aujourd’hui à Jean Dehan, un simple soldat F.F.I., mort lui aussi pour la France, lors de « la bataille de Cluny ».
Un enfant de la Meurthe-et-Moselle
Jean François Nicolas Dehan est né le 19 novembre 1925 à Saint-Nicolas-de-Port dans la Meurthe-et-Moselle.

Son père, Paul Adolphe est maréchal-ferrant et il a épousé Marie Janot en 1914. Ils ont eu douze enfants et vivent au 18 de la rue Simon Moycet à Saint-Nicolas-de-Port. Paul Dehan est un homme connu et apprécié dans sa ville où il préside la section locale de la Grande Famille Lorraine. À cette occasion, Albert Lebrun, président de la République, a même accepté d’être le parrain du dernier enfant du couple ; les Dehan ont reçu la médaille d’or de la famille nombreuse et -au même titre- le prix Cognac-Jay -soit la somme de 20 000 Francs-.
Paul Adolphe décède en 1940. Son fils Jean a quinze ans et la vie ne doit pas être facile pour Marie, sa mère. En août 1944, on retrouve Jean à la bataille du Bois Clair. Quand et comment est-il arrivé à Cluny, cela restera un mystère.
Blessé au Bois-Clair
Il va mourir le 11 août 1944 au 22 de la rue Municipale (un hôpital a été installé dans l’École des Arts-et-Métiers) alors qu’il n’a pas encore fêté ses dix-neuf ans. Sur son acte de décès établi le 7 septembre 1944 par André Cuzet, ordonnateur des pompes funèbres F.F.I., on ne sait quasiment rien de lui. Jean Dehan, un F.F.I. presque anonyme.
Son nom figure sur le monument aux morts de sa commune de naissance ainsi que sur la stèle de Sologny où sera déposée une gerbe le 11 août prochain. La stèle indique qu’il s’agit de F.T.P.F. Jean Dehan a obtenu la mention « Mort pour la France[1] ».
Le sort des « oubliés »
Le 12 août 1944, lit-on dans « Fault pas y craindre » : « Nous faisons le bilan de nos pertes, de nos deuils, et de nos gloires[2]. » Mais qui sont tous ces anonymes tombés lors de « la bataille de Cluny », personne ne le dira. Ni H. Mondange, ni « Capitaine Jacques », le copain de Doussot, ni le lieutenant Loizillon. Et comme l’écrit Jean Martinerie, « il semble à vrai dire qu’on ne s’est pas préoccupé de rendre un hommage nominatif (pas le moindre écrit) aux tués du Bois-Clair. Ce n’est pas un mince paradoxe ![3] »
Paradoxe…, vous avez dit « paradoxe » ? Eh oui, ces petits gars qui ont évité à Cluny de subir le même sort -comme on le lit souvent- qu’ Oradour-sur-Glane, méritaient bien que leurs chefs les honorent tous. Mais il paraît que Laurent Bazot « n’aimait pas la paperasse. »
[1] Service historique de la Défense, Caen, CoteAC 21 P 114555.
[2] Fault pas y craindre. Histoire du Commando de Cluny, 4e Bataillon de choc. Mâcon : Éditions B.R.A., 1974, 205 p., p. 55.
[3] Martinerie, Jean. Éléments pour une approche historique de la résistance en Clunysois et lieux circonvoisins. Beaubery : imp. Turboprint, 2010, 311p., p. 223.