On ne parlera pas dans cet article des libérateurs de Cluny, des F.T.P. ou des F.F.I., mais des victimes civiles. Leurs noms ont toute leur place lors de la cérémonie prévue mardi prochain…

Le matin, la bombe est tombée sur les ateliers Simonot et le restaurant Lescure. Vers les seize, heures, c’est la deuxième attaque : « L’impact s’est produit entre le lavoir et le cimetière (…) En ville, l’attaque continue, les avions passent, bombardent et mitraillent[1] . » Dans notre cité abbatiale, perdirent la vie le 11 août 1944, sous les bombes allemandes treize Clunisois, surtout des femmes[2] :

2 rue de La République, boulangerie Théry :

  • Brivet, Marie, née en 1908 à Paray-Le-Monial, veuve de Jean Théry, mort en 1940. Elle était boulangère, domiciliée au 2, rue de la République. Elle laisse un fils, Guy, 8 ans.
  • Martinez Carlo, Juan, né en 1904 à Novella (Espagne). Républicain espagnol en exil, il était commis-boulanger chez Théry, et domicilié au 2, rue de la République.

Place du Marché, les ouvrières de chez Simonot :

  • Gruet, Suzanne, née à Cluny en 1922. Elle était célibataire, tricoteuse, domiciliée au 18, place de La Liberté.
  • Letouche, Suzanne, née à Cluny en 1922. Célibataire, elle vit au 18 de la rue d’Avril et exerce la profession de tricoteuse.
  • Trouillet, Louise. Bonnetière, elle est née à La Vineuse en 1896. Elle habite au 14 de la rue Municipale, veuve de Chevillon. Son fils Théophile a été arrêté le 17 janvier 1944 à Mont-Cortevaix. Il décédera à Mauthausen le 9 mars 1945[3].

21, rue Municipale :

  • Gaudillot, Jeanne, Louise, née à Lux en 1893, épouse de Charles Dumont. Son fils, Jean Dumont, né à Attignat dans l’Ain en 1919, décède également au 21 de la rue Municipale.
  • Peyraud, Jacqueline, née à Lyon en 1933. La jeune écolière est domiciliée à Cluny. Elle n’a que 11 ans.

14, rue de La Poste :

  • Bonjour, Isidore, né à Paris en 1883. Il est retraité, marié à Nelly Adrienne Berthelier (née à La Clayette en 1887) qui décède au même endroit, même heure, soit 17 heures.

7, rue la Poste :

  • Claudepierre, Julie, Joséphine[4]. En religion, elle est Sœur Isabelle de la Congrégation des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny. Elle est née en 1867 dans le Haut-Rhin. Blessée en même temps que Sœur Alphonse, elle décède à 23 heures selon le témoignage de Marie Angély Rebillard qui œuvre au secours des blessés[5].

6, rue Saint-Mayeul :

  • Friess, François, Antoine. Retraité, il est né à Saint-Lager (69) en 1880 et a épousé Pierrette Lachaize. C’est un éclat d’une bombe lâchée au-dessus du mur côté est du cimetière qui atteint Friess « qui se croyait hors de danger sous les frondaisons de son jardin[6]. »

13, place de l’Hôpital :

Ducrot, Claude. Né à Cortambert en 1919, il a épousé Marie Louise Étiennette Gressard et il exerce la profession de cultivateur à Bray. Il décède au 13 rue de l’Hôpital le 14 août. Claude Ducrot est le seul à avoir obtenu la mention « Mort pour la France[7] », sans que l’on sache pourquoi.Son nom figure sur le monument aux morts de Cortambert.


[1]  Voir le témoignage de Michel Burdin in : Amicale des déportés de Cluny. « Le pire c’est que c’était vrai ! » Cluny : JPM éditions, 2005, 411 p., pp. 287-288.

[2] Liste établie selon les actes de décès retranscris à la mairie de Cluny. La liste des tués du « Pire c’est que c’était vrai » fait mention de 14 morts au lieu de 13 et celle de Jean Martinerie comporte plusieurs erreurs.

[3] Voir l’article : Chevillon et Dargaud, Prat’siens au maquis de Mont-Cortevaix.

[4] Dans Le Pire c’est que c’était vrai, Sœur Isabelle est identifiée deux fois sous le nom de Sœur Isabelle et sous son nom de Claudepierre.

[5] Amicale des déportés de Cluny. « Le pire c’est que c’était vrai ! », op.cit., p. 293.

[6] Martinerie, Jean. Éléments pour une approche historique de la résistance en Clunysois et lieux circonvoisins. Beaubery : imp. Turboprint, 2010, 311p., p. 233.

[7] La mention est notifiée sur son acte de décès.