Marcel Joseph Hippolyte Berthelot est né le 22 décembre 1888 à Cluny. Félix, son père est alors percepteur à Cluny. Il a épousé Félicie Mailliary (1868-1953) originaire de Montceau-les-Mines. La famille Berthelot vivra ensuite à Carpentras où le père est receveur puis à Paris où il exerce la profession de banquier.

Marcel est un élève brillant. Il entre à Normale Sup (promotion 1909) et devient agrégé d’allemand en 1913. Il quitte l’enseignement après la première guerre pour travailler aux Affaires étrangères et à la Société des Nations en tant que chef de service. Après avoir été démobilisé en 1940, il travaille au ministère des Travaux publics puis à l’office de la navigation.

Marcel Berthelot se mariera deux fois : en 1913 avec Marie Aleinikoff. Le couple divorce et il épouse en 1925 Marie Schuchhalter. Il a deux enfants.

1940 : création de l’O.C.M.

« L’Organisation Civile et Militaire est fondée à Paris en décembre 1940. Comme son nom l’indique, elle est le fruit de la fusion de plusieurs groupes composés de militaires de carrière (le colonel Heurteaux et le colonel Touny), d’anciens dirigeants de la Confédération des travailleurs intellectuels (Maxime Blocq-Mascard, André Sainte-Lagüe) et d’industriels (Arthuys).

Brassard de l’O.C.M.

Le mouvement recrute principalement parmi les hommes d’âge mûr, issus de la bourgeoisie (industriels, hauts fonctionnaires, cadres, officiers). L’objectif est de bâtir une organisation paramilitaire clandestine capable de constituer une force d’opposition à l’occupant et un appui interne à l’offensive alliée. L’organisation du mouvement est calquée sur celle d’un corps d’armée, suivant une stricte hiérarchie. La France occupée est divisée en deux zones d’action : zone A et B.

Créer des liens, structurer

L’établissement d’une liaison entre l’OCM et le réseau de renseignement Confrérie Notre-Dame (CND) puis avec Londres à l’hiver 1941 – 42 favorise son développement rapide en zone occupée. Avec le réseau CND elle crée l’efficace réseau de renseignement Centurie et organise propagande, filières d’évasion, renseignements et action paramilitaire.

Penser l’après guerre

Une singularité de l’OCM dans les mouvements de zone nord est l’analyse qu’elle porte sur la situation de la Résistance intérieure durant le conflit, l’importance de son unification et la réflexion menée sur le projet de société à développer à la Libération. L’OCM publie ses « Cahiers, Études pour une révolution française », 4 numéros publiés à 3000 exemplaires chacun en 1942 et 1943. Abordant des thèmes tels que la rénovation de l’enseignement, l’urbanisme, la presse ou encore la réforme des institutions sociales, ces textes traduisent le désir de leurs auteurs d’une société nouvelle après guerre. À partir de 1943, l’OCM siège au Conseil national de la Résistance[1].

Berthelot, chef du réseau Centurie

Le réseau Centurie a été constitué par des membres venant de l’O.C.M. Il est créé en accord avec le colonel Rémy qui charge la Confrérie Notre-Dame d’assurer les liaisons de Centurie avec Londres. Le réseau est financé par le B.C.R.A. Il fonctionne du 1er avril 1942 à la Libération.

Les missions du réseau seront de recueillir tous renseignements de type militaire, économique et politique sur l’ennemi et sur Vichy en zone nord. Le réseau s’implante dans l’ouest en avril 1942, dans le nord en mai 1942 dans la région parisienne virgule dans le Nivernais et dans la région Orléans également. Dans l’est en juin 42, dans le sud-ouest en juillet 42. Le réseau comprendra 1682 agents.

Alias « Lavoisier »

Centurie est dirigé par Marcel Berthelot alias Giraudet, Rigal, Lavoisier, jusqu’à son arrestation le 8 mars 1944 puis par Marcel Girard[2].

Marcel Berthelot est emprisonné à Senlis, à Fresnes jusqu’au 15 août 1944 puis à Bruxelles et il échappe à l’exécution[3]. Il part ensuite vers l’Allemagne. À Malines, les voies sont sabotées et le train repart pour Bruxelles. Les gardiens prennent la fuite. M. Berthelot retrouve la liberté.

« L’O.C.M. aura regroupé plus de 60 000 Résistants, 4 000 sont tombés dans la lutte, 7 000 à 8 000 déportés ; dont les 2/3 ne sont pas revenus[4]. »

De Gaulle : « Félicitations à Lavoisier ».

Le 10 février 1943, le chef de la France combattante, le général de Gaulle adresse une série de courriers de félicitations à des autorités de la Résistance.

Il s’applique à saluer l’action de « Lavoisier », pseudonyme de Marcel Berthelot, chef du réseau Centurie. Outre les codes numériques utilisés, on retient de son propos le travail accompli en faveur du combat pour la libération de la France : « Je profite de cette occasion pour vous dire toute mon estime. À mesure qu’approche l’heure de l’action décisive, la tâche de chacun devient plus lourde et l’union disciplinée est chaque jour plus impérieusement nécessaire. Je sais que je puis compter sur vous ».

Nommé ministre plénipotentiaire en 1945, M. Marcel Berthelot a été chargé, en dernier lieu, comme suppléant du ministre des affaire étrangères, de la négociation du traité pour l’Autriche. En 1950, il est nommé ambassadeur à Kaboul[5]. Il décède en 1981.

Marcel Berthelot a été décoré de la médaille de la résistance avec rosette[6].


[1] https://www.crrl.fr/module-Contenus-viewpub-tid-2-pid-18.html

[2] OCM, VII (72AJ/68 Dossier n° 3)

[3] Delvallée, membre de l’O.C.M. est emprisonné avec lui. Jugé, il est exécuté.

[4] http://mvr.asso.fr/front_office/fiche.php?idFiche=1428&TypeFiche=4

[5] Le Monde, 5 septembre 1950.

[6] « En mars 1945, un projet d’ordonnance est rédigé sur rapport du ministre de la Justice. Ce projet mentionne dans son article 1er : « Les médaillés de la Résistance française qui, dans l’accomplissement des actes visés à l’article 1er de l’ordonnance du 7 janvier 1944 relative à l’attribution de la médaille de la Résistance française, se sont signalés par l’importance des services rendus ou par la gravité des risques encourus, peuvent être nommés Officiers de la Résistance Française. » L’article 2 de ce projet crée la rosette : « L’insigne des Officiers de la Résistance est une rosette rouge et noire apposée sur le ruban visé à l’article 2 du décret n°774 du 9 février 1943. »