On dit toujours à Cluny que la première manifestation résistante a eu lieu le 11 novembre 1942 avec un dépôt de gerbe au monument aux morts. Il n’en est rien. C’est bien le 14 juillet 1941 que certains Clunisois, peu nombreux certes, ont osé affirmer leur opposition à Vichy et à l’occupant.
En 1941, le maréchal Pétain annonce officiellement que le 14 juillet reste un jour férié. Mais, précise-t-il, c’est un jour de recueillement et de méditation. Pas d’agitation, pas de flon-flon. La journée comportera uniquement une messe, une cérémonie aux morts et les drapeaux seront mis en berne. Finalement, le 14 juillet 2020 n’est pas loin de ressembler à celui de 41, pour d’autres raisons bien sûr.
De son côté, Radio-Londres s’adresse ainsi aux Français : « Il n’est pas mort ton 14 juillet. Si tu veux dignement le fêter, peuple, où que tu sois, tu dois porter une cocarde. Le mouvement « Libération » et les communistes ont divulgué des mots d’ordre similaires[1]. »
Certains Clunisois ne restent pas sourds à cet appel et la cocarde, ils la porteront fièrement. Le premier acte officiel de rébellion se déroulera dans deux cafés de la ville : celui des Burger au 40 de la rue Prudhon et celui des Lardy au 13 rue Porte des Prés.

Le V comme Victoire
Que reproche-t-on aux deux débitantes de boissons ? Tout simplement d’avoir distribué du ruban tricolore à certains clients qui ont confectionné des « V » et se sont promenés en ville en arborant un insigne interdit. C’est l’inspecteur Joseph Rongeon de Mâcon qui mène l’enquête car le port d’un insigne, d’une décoration, est réglementé par la loi du 20 novembre 1940. Il s’agit de définir si les Clunisois ont pris part à de la propagande gaulliste.
Qui a porté l’insigne ?
La brigade de Cluny tente d’établir une liste. On identifie Gobet (premier adjoint au maire auquel G. Lardy a épinglé un « V » tricolore sans que l’on sache s’il en était bien d’accord), Augustin Lamie (manœuvre), Yves Henin (manœuvre), François Corget (maçon). Interrogés, ces derniers jouent les abrutis, disant que leur acte n’avait rien de politique. Quant à Simone Burger (fille dont les parents tiennent le bistrot) et Germaine Lardy, l’inspecteur signale qu’elles ne sont pas connues pour faire de la politique, et qu’elles n’ont jamais été condamnées. Et puis, ce sont des femmes… On ne se méfie jamais des femmes. À tort. L’affaire est close pour tous nos Clunisois (es). Ouf.
On connaît bien la famille Lardy à Cluny. Impliqué comme son épouse dans la résistance, Jean Lardy sera arrêté le 14 février 1944 puis déporté à Mauthausen où il décédera en septembre 1944.
A contrario, on a oublié la famille Burger. À Cluny, personne ne s’en souvient. Et les gens qu’on a oubliés, nous, on aime bien. Surtout quand ils ont un dossier au service historique à Vincennes.
D’autres 14 juillet résistants
Quant aux 14 juillet 42, 43 et 44, ils ne seront pas morts eux non plus. Au contraire, le combat continue de plus belle. Ne l’oublions pas mardi prochain.
Tract 1942 Tract 1943 Tract 1943
À suivre avec « Edith », le sergent Simone Burger…
[1] http://www.creuse-resistance.fr/blog/public/14juilletresistance.pdf
Et oui les les Clunisois et Clunisoises étaient des personnes engagées pour la France. Le 14 juillet 1943 rebelote, ce ne fut que vers 19h30 que se déclencha la première manifestation.
En tête du groupe ALIX, DORIDON ,NERAT, trois autres personnes présentes n’ont pu être identifiées.Quelques instants après cette première démonstration un nouveau groupe plus important prenant la direction du monument. A la tête le jeune AUBLANC, le docteur Noir,Burdin, Groll, Fenouillet, Tieche, Lardy, Michel. Toutes les personnes entendues contestent avoir obéi aux instructions données par tract ou par radio. Elles prétendent avoir agi par un mouvement de patriotisme et de reconnaissance aux Mort à la guerre.
(Doc service départementales Renseignements Généraux de Saône et Loire N° 3887 DB)
incidents du 14 juillet 1943 à Cluny.
annie dufy alix
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