L’École pratique de commerce et d’industrie a scolarisé, de 1939 à 1944, des élèves juifs que l’on peut considérer comme « cachés » puisqu’ils ne sont pas recensés comme Israélites à la mairie de Cluny : Léon et Maurice Klajman, Roger Herrmann, Fred Marschallick. Tous utilisent plusieurs identités et c’est le cas également de Maurice Richner, né le 8 avril 1924 à Lyon. Il entre à la Prat’s le 1er octobre 1939 et réussit le concours d’entrée aux Arts-et-Métiers en 1943. Dès 1941, il utilise une autre identité : en ville, il sera Maurice Reitmer.
Deux autres jeunes ont été également scolarisés à la Prat’s : il s’agit de Pierre Levy et de René Levy.
Pierre Levy
Pierre Levy est né le 30 septembre 1930 à Besançon. Son père -Raymond- est négociant et il a épousé Jeanne Marguerite Bernard en 1925. Pierre a un frère aîné, Jean, né en 1928. Leurs parents divorcent en 1937.
La guerre déclarée, la famille Bernard se réfugie à La Croix-Blanche (Sologny) où elle a des attaches. Pierre est scolarisé à l’école primaire de la Roche Vineuse puis il fait son entrée à La Prat’s le 18 octobre 1943. Sur le registre des inscriptions, il est noté que le responsable de Pierre est son grand-père, Alfred Joseph Bernard. Celui-ci exerçait précédemment comme médecin à Besançon et il dirigeait le bureau municipal d’hygiène de la ville. Alfred Bernard avait servi pendant la Première Guerre mondiale et il était chevalier de la légion d’Honneur depuis 1917 pour services rendus en tant que médecin chef d’un hôpital d’évacuation[1].
Selon les historiens André Jeannet et Marie-Hélène Velu[2], le grand-père Alfred et sa fille Germaine (tante de Pierre ; elle est également médecin), sollicitent l’autorisation de s’installer à Cluny et à La Croix-Blanche pour y exercer.

En effet, la loi admet qu’il y ait 2% de médecins juifs dans le département. C’est ainsi que le docteur Henri Levy (expulsé d’Alsace) peut s’installer à Charolles alors qu’il y a déjà quatre médecins. A contrario, le docteur Israël à Mâcon et le docteur Samuel à Vindecy n’auront pas l’autorisation d’exercer.
L’autorisation est accordée à Alfred Bernard mais « en novembre 1941, l’ordre des médecins, dont le président était violemment antisémite, annonçait qu’il allait entreprendre une action contre un médecin juif et sa fille doctoresse récemment installés à Cluny et la Croix Blanche. »
La famille Bernard-Levy se déplace-t-elle ensuite ailleurs ? Retourne-t-elle à Besançon ? Sans que l’on sache pourquoi, Pierre Levy quitte La Prat’s le 31 mars 1944.
Sa mère, son père, sa tante, son grand-père et son frère ont survécu à la guerre.
À suivre…
[1] Base Leonore : http://www2.culture.gouv.fr/LH/LH117/PG/FRDAFAN84_O19800035v0302464.htm
[2] Jeannet, André et M-H. Velu. L’occupation et la résistance en Saône-et-Loire. Pont-de-Veyle, imp. Gatheron, 1991, 518 p., p. 138.