Nécropoles, disparus, cimetière
Pour de nombreuses familles, le monument aux morts sera le seul lieu gardant la mémoire du fils, du frère ou du mari. Certes, certaines pourront aller se recueillir sur une tombe, mais à l’autre bout de la France : Nécropoles La Forestière, Crion, Marbotte, Notre-Dame-de-Lorette, Commercy…
Pour ne pas oublier et pour se recueillir, elles feront graver sur les tombes du cimetière communal le nom du soldat tombé au Champ d’honneur. C’est ainsi que les noms des soldats Bally, Berthier, les frères Dury, Montégut, Perras, etc. figurent aux cimetières de Besanceuil ou de Bonnay.
D’autres familles demanderont la restitution et le transfert du corps du soldat, comme la Loi du 31 juillet 1920 l’autorise. En exécution de l’article 106 de la loi de finances du 31 juillet 1920, les restes de 250 000 militaires morts pour la France inhumés dans l’ancienne zone des armées seront restitués aux familles qui en font la demande dans les délais légaux. Les frais sont à la charge de l’État. Auguste Gourdain (1886-1918) décède à Monastir en Serbie. Son corps sera rapatrié au cimetière de Bonnay le 17 juin 1922.

Toutefois, les familles peuvent aussi rapatrier les corps à titre privé pour éviter les lenteurs de l’Administration.
Pieuses démarches, de quels violents réveils des chagrins n’êtes-vous pas générateurs ?
Au XXe siècle, l’entretien de certaines tombes sont prises en charge par Le Souvenir Français. En effet, les sépultures des soldats qui n’ont pas la mention « Mort pour la France » ne sont pas entretenues. Ainsi la fatalité annoncée par l’écrivain Roland Dorgelès semble bien s’être abattue sur certaines sépultures. À Besanceuil, celle d’Etienne Daubard est à l’abandon et son nom presque illisible.
« On nous oubliera, le temps inexorable fera son œuvre, les soldats mourront une seconde fois. »

À Bonnay, on ne compte plus les concessions perpétuelles laissées à l’abandon où figurent cependant les noms des soldats de la Grande Guerre…
Et puis, il reste les soldats qui n’ont eu aucune sépulture ; ce sont les « disparus », les « déclarés décédés » dont le ministère a établi une date approximative de décès. C’est le cas des soldats Lattaud (1891-1917) mort dans les Ardennes et Perras (1874-1916), décédé en Serbie.

Pour tous ces hommes dont les noms s’effacent au fil du temps dans nos cimetières communaux, le vieux monument reste bien le seul lieu mémoriel qui rappelle leur vaillance, leur abnégation et leur dévouement pour la Patrie.