Je veux saisir l’occasion pour vous parler de Theodor Michael.
Je vous avais déjà présenté le personnage fictif « Galadio » : Le fils d’une mère allemande et d’un soldat africain, qui consiste un violent changement d’attitude à son égard pendant la montée en puissance de l’idéologie nazie. ((http://blogue-ton-ecole.ac-dijon.fr/matricule35494/?s=galadio)
L’auteur Didier Daeninckx ignorait que ce personnage était « réel », mais il avait excellemment investigué. Pendant nos propres recherches pour traduire son livre en allemand, nous avons connu Theodor Michael, qui a vécu ce que Galadio a vécu. Il avait publié sa propre biographie dans son livre « Deutsch sein und schwarz dazu/Allemand et noir en plus ».
Voici le quatrième de couverture :
Né à Berlin en 1925 d’un père camerounais et d’une mère allemande, Theodor Michael Wonja, cadet d’une fratrie de 4 enfants, vient au monde dans un pays qui n’offre que peu de perspectives professionnelles aux personnes de couleur, sinon les « spectacles d’exhibition d’indigènes ».
Renvoyé de l’école sur ordre du parti nazi, déchu de sa nationalité allemande en 1940, il est interné dans un camp de travail en 1943.

Par miracle, il échappe à la stérilisation forcée pratiquée par les autorités du Reich sur plusieurs centaines d’enfants métis afro-allemands. Il doit par la suite affronter le racisme dans l’Allemagne d’après-guerre : « qu’ils retournent d’où ils viennent ! », scandent alors certains de ses compatriotes. Confronté à la misère et aux discriminations, vivant de petits rôles au théâtre, Theodor Michael Wonja lutte pour changer le destin qu’on veut lui imposer : il suit une formation universitaire à Hambourg puis à Paris et fonde, à Cologne, au milieu des années 60, le » Bulletin de l’Afrique » dont il est le rédacteur en chef jusqu’en 1971. Devenu un spécialiste reconnu de l’Afrique en Allemagne, il est recruté par les services de renseignement allemands et finit sa carrière en 1987 comme conseiller d’Etat.
Passionné de théâtre, il joue dans plusieurs pièces jusqu’à l’âge de 84 ans, notamment dans « I have a dream » en hommage à Martin Luther King.
La dernière phrase de la version allemande : « Wann endlich wird man meine Enkel nach ihrem Charakter beurteilen und nicht nach ihrer Hautfarbe? »
Theodor Michael a présenté sa biographie à Duisburg, c’était probablement sa dernière conférence publique. Je suis très triste qu’il soit décédé en octobre 2019, et je suis à la fois très reconnaissant de l’avoir connu. C’était une des rares soirées que je n’oublierai jamais.
C’est dans cette perspective que je veux vous encourager à poursuivre votre engagement précieux, d’une façon ou d’une autre. Et je me rappelle un petit sketch : Un homme avec
un masque d’horreur veut faire peur à un autre homme. Aucune réaction.
Mais quand il vient une 2e fois sans son masque, et il est noir, l’autre est terrifié. Apparemment celui-ci a peur de ce qu’il ne connaît pas du tout.
Jürgen Donat