Le choix des noms
Aucune procédure administrative n’existant à ce sujet, le point le plus délicat, pour la municipalité, est de dresser la liste des noms qui doivent figurer sur le mausolée. En conséquence, chaque mairie fait « comme elle veut ».
Le comité établit une liste de quarante noms de soldats natifs de Bonnay, ayant résidé dans la commune ou y ayant conservé des attaches familiales, parfois lointaines. De ce fait, il n’est pas rare de retrouver un soldat sur plusieurs monuments, chaque village tentant d’honorer tous ses morts pour la Patrie.
C’est le cas par exemple d’Alfred Montégut, inscrit sur deux monuments aux morts. Né à Châlon-sur-Saône en 1885, il devrait logiquement figurer sur le monument de cette ville mais il a été oublié. Toutefois, il est inscrit sur celui de Saint-Gengoux-Le-National où il réside en 1913 ainsi que sur celui de Bonnay où vivent encore ses parents en 1921.

Le village décide également d’honorer des soldats qui ne sont pas décédés sur le champ de bataille, mais parfois à Bonnay même : il s’agit de Jean Claude Lapray, décédé à Saint-Hippolyte en août 1920 et de Jean Lagrange, mort à Bonnay en mai 1918. Ce dernier avait été renvoyé dans ses foyers en 1916. Quant à l’officier Léon Descombes (1864-1921), il est né à Salornay-sur-Guye et décède à Lyon -où réside son épouse- en 1921 à l’âge de 51 ans. Il sera enterré auprès de sa famille au cimetière de Bonnay et son nom sera gravé sur le monument, même s’il n’a pas obtenu la mention « Mort pour la France ».
Un fils, un mari, un gendre… L’historien cherche parfois vainement à comprendre pourquoi tel nom est gravé là, à l’épreuve du temps…
Qui se souvient de Pierre Octave Boureau qui n’a jamais vécu à Bonnay ? C’est la famille Bordat qui souhaite honorer la mémoire de son gendre pour son petit-fils, Louis, qui a grandi là en Bourgogne du Sud avec ses grands-parents.
Et puis il y a les « oubliés », car la mémoire des noms, les familles ayant quitté le village depuis des décennies, peut faire parfois défaut. C’est ainsi que Louis Bourgeois né en 1877 et qui a vécu avec sa famille ensuite à Curtil-sous-Burnand ne figure pas sur le monument de Bonnay, son village natal.
Autre cas surprenant, celui du soldat Henri Fontaine (1894-1916) qu’on ne trouve pas sur le monument alors que sa dépouille repose à Besanceuil et que sa tombe est entretenue par le Souvenir français.
