« Comment éviter cette expression si commune et passablement galvaudée de « grande dame » pour évoquer Juliette Gréco ? La chanteuse légendaire fête son 93e anniversaire ce vendredi 7 février 2020. L’âge des artères ne fait pas celui de l’esprit, mais elle arrive à l’extrémité avec cette grande lucidité lorsqu’elle parle de sa mort : « Je peux l’être dans cinq minutes. Ce n’est pas moi qui tiens les rênes ! ». Si l’on interrogeait Kirk Douglas, parti le 5 à ses 103 ans, elle pourrait encore avoir une décennie devant elle…
Emprisonnée à Fresnes
La mère et la sœur de Juliette Gréco furent des résistantes et furent arrêtées en 1943 et déportées au camp de Ravensbrück (d’où elles sont sorties en 1945). Bien qu’arrêtée elle aussi, Juliette Gréco a échappé à la déportation et est restée emprisonnée à Fresnes jusqu’à la fin de la guerre. Elle est donc très sensible à la Shoah parce que sa famille a vécu cette tragédie et cela lui a donné des raisons de faire beaucoup de concerts en Israël (dont le dernier en mai 2015).
Elle a notamment expliqué : « L’histoire de ma famille est cruelle. (…) Quand je vais en Israël, j’y vais en hommage à ces martyrs, à ces morts, à ces gens qui étaient avec ma mère et ma sœur qui étaient en camp de concentration. Nous ne sommes pas Juifs. Il y a une chose que je n’ai jamais comprise, et qui me pose question et qui me posera question jusqu’à la fin de mes jours : pourquoi une jeune fille juive est partie en camp de concentration et pourquoi pas moi ? ça, c’est une chose qui m’interpelle. » (17 avril 2015). »
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