Le monument aux morts

Même s’il n’existe aucune loi obligeant les communes à ériger un monument pour honorer les morts, rares sont celles où il n’existe pas de mausolée.

Dans un premier temps, chaque municipalité choisit un comité d’érection, souvent composé de notables de la commune. Puis il s’agit d’opter pour un type de monument et de son emplacement. À Bonnay, ce sera une colonne, oeuvre de l’architecte Mathieu Forest (1891-1955), posée par le marbrier de Saint-Gengoux, Joseph Jouvenaud.

La symbolique du monument est lourde de sens :

– la croix de guerre, reconnaissance du courage et récompense du sacrifice

– la palme, récompense du vainqueur et symbole d’immortalité pour les chrétiens,

– le drapeau, symbole de la patrie

Une inscription patriotique affirme la reconnaissance de la commune à ses morts : Aux enfants de Bonnay tombés pour la France.

Il sera installé au centre du village, bien visible, en bordure du chemin de grande communication. Son prix se monte à 8 500 francs. Dans les villages des alentours, hormis le monument de Malay qui coûte 12 800 francs, la commune de Bonnay ne fait pas dans l’économie puisque le village en choisit un dont le prix s’élève à 8 500 francs. D’autres mausolées posés par le même marbrier à Chapaize ou à Savigny-sur-Grosne ne coûteront respectivement que 5 800 et 2 200 francs.

Il faut donc que la municipalité trouve 8 500 francs pour son projet car, même si l’État établit le principe d’une subvention (Loi du 25 octobre 1919 et Loi des finances du 31 juillet 1920), ces aides sont généralement faibles. Pour Bonnay, cette subvention se monte à 900 francs. Afin de boucler son budget, chaque municipalité fait donc preuve d’ingéniosité : vente de rentes, quêtes, etc. Mais le moyen le plus sûr pour récolter de l’argent reste la souscription. De nombreuses familles ont été affectées par la perte d’un fils ou d’un mari, et, de ce fait, les Bonnaysiens participent à hauteur de 2 600 francs. La commune empruntera également sur trente ans 5 000 francs au Crédit Foncier afin de voir aboutir le projet. Conséquemment, elle vote une imposition de 8.5 centimes qui permet de régler l’annuité d’emprunt.

En novembre 1921, le monument aux morts est terminé et placé. Le conseil municipal décide alors de poser des dalles en pierres et de l’entourer d’une grille en fer forgé. L’opération est confiée à Léon Moreau et coûte encore 2 144 francs. Seul le maire, les anciens combattants et éventuellement les enfants, peuvent prétendre pénétrer cette parcelle de sol désormais sacrée.

Tout sera prêt pour l’inauguration fixée au 30 avril 1922.


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