Rue des Anges, vous connaissez ? Et la rue de Prévôt ? Non plus ?
Rien d’étonnant car il s’agissait, au XIVe siècle, des dénominations successives de notre rue de la Liberté. Il est très surprenant de constater, à la lecture des cartes et des terriers anciens, le nombre de fois où cette petite rue discrète et tranquille a changé d’appellation. Exemples : en 1693, la partie haute de cette rue, comprise entre la rue Filaterie et l’actuelle place de la Liberté était signalée comme étant soit « la rue de la Saunerie » soit « l’ancienne rue de la Vieille Saunerie », sa partie basse entre la « place de la Liberté » et « l’Hôpital » devenant « rue de la Boucherie » !
Parfois orthographiée « Sonnerie », la Saunerie, comme l’était en 1770 l’actuelle rue du Pontet dite « rue de l’Ancienne Sonnerie », était très certainement une référence au vieux métier de saunier (vendeur de sel), donc à la présence, à proximité, d’un entrepôt de sel. Ceci semble logique puisque ce quartier était connu pour ses boucheries et ses abattoirs. D’ailleurs, en 1650, on note que la place de la Liberté s’appelait à cette époque tout simplement « La Boucherie ».
Sept changements de noms, qui dit mieux ? Certainement pas la rue de l’Hôpital dont la désignation en 1693, apportait aux Clunisois la précision suivante : « Rue des Carreaux et à présent de l’Hôpital ».

En revanche, dès 1770 on peut déchiffrer sur un plan de la ville que notre rue portait le curieux nom de « Point de l’Ange ou rue du Pont de l’Ange », ce qui, vous l’admettrez, est beaucoup plus poétique que la sèche mais précise « rue de l’Hôpital »…
Nous avons parlé plus haut de la « rue des Carreaux ».

Intéressons-nous à la « rue des trois Carreaux », toute proche : un acte notarié de 1297 la mentionne comme « rue des Quarreaux, puis le Terrier BOLLO de 1693 parle d’une « rue du Puits Bollain » pour la partie comprise entre l’actuelle rue de l’Hôpital et la grille du-dit hôpital. Son autre partie, qui se poursuivait dans le jardin de l’hôpital et qui va, de la grille à la porte de Mâcon était connue en 1770 comme « rue de la Moutarde ». À signaler enfin une petite ruelle qui rejoignait la rue des trois Carreaux à la porte de Mâcon, à la hauteur du numéro 7. Aujourd’hui disparue, elle portait comme nombre de ses semblables, le joli nom de « ruette Aisancielle ».
L. Zajdel.