A Paris, des collages pour se souvenir des enfants juifs déportés.

Libération par Alexandra Pichard, photos Cha Gonzalez — 27 janvier 2020 à 12:34

Des jeunes de l’Union des étudiants juifs de France ont apposé, dans la nuit de dimanche à lundi, des affiches avec la liste des noms et prénoms d’enfants juifs sur les immeubles parisiens d’où ils ont été raflés.

«Passant, souviens-toi de leur nom.» Celui des milliers d’enfants «victimes de la barbarie nazie», immortalisés par les affiches commémoratives apposées, dimanche soir, sur des façades d’immeubles parisiens d’où ils ont été raflés… A l’occasion du 75anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, une soixantaine de jeunes de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) ont collé sur ces murs les noms, prénoms et âges des enfants, à leurs anciennes adresses. Certaines rues ont disparu, comme la rue Corbeau, désormais Louvel-Tessier, où une quarantaine d’enfants ont été raflés pendant l’occupation nazie. D’autres habitations se sont transformées en commerces, écoles ou crèches. Sur les murs de l’hôpital Rothschild, l’essentiel des enfants dont on peut lire le nom n’avaient même pas un an quand ils ont été envoyés dans les camps de la mort.

Dimanche soir, à Paris. Photo Cha Gonzalez pour Libération

« Faire vivre leur souvenir »

Au 8, rue Popincourt, dans le XIarrondissement, Jérémy Ktourza contemple, ému, la façade de l’immeuble où apparaissent désormais les noms des trois sœurs de son grand-père. Selma, Camelia et Rosa Sanarki avaient 16, 17 et 18 ans quand elles ont été déportées avec leurs parents à Auschwitz. L’étudiant de 24 ans a découvert leur adresse par hasard, en préparant l’action. «J’ai tenu à coller leur plaque moi-même, dit-il. C’est la première fois que je viens ici, à un endroit où je peux retrouver un bout de leur histoire.» En passant le pas de la porte, une habitante de l’immeuble lui confie qu’elle ignorait que ces murs avaient été le théâtre du génocide juif. «Penser à ces enfants en rentrant dans le hall, c’est déjà faire vivre leur souvenir pour empêcher qu’il ne s’estompe, et en faire autre chose que des chiffres et des registres», lance Capucine Sznajder. Elle sort de la pile d’affiches entassées celle qui commémore la sœur de son grand-père, gazée à 10 ans dès son arrivée à Auschwitz, le 24 août 1942. «Pour moi, c’est d’autant plus symbolique qu’elle est morte le jour de mon anniversaire», glisse l’étudiante de 20 ans.