Octave Joseph Magnin est né le 2 juillet 1902 Beaufort-sur-Doron en Savoie. Avant la Première Guerre, la famille est installée à Alby-sur-Chéran en Haute-Savoie. Auguste, le père, exerce là la profession de percepteur. Octave a une sœur : Germaine née en 1898 à Chambéry. Il poursuit ses études au lycée de Chambéry puis entre à La Prat’s le 1er octobre 1917.
En 1926, on retrouve Octave à Pont-de-Cheruy : il se déclare « industriel » au moment de son mariage avec Marie Andrée Mourlaque (1897-1985). Son épouse est alors propriétaire d’un salon de coiffure qu’elle met en vente. Le jeune couple s’installe ensuite à Alby-sur-Chéran. Octave travaille là en tant qu’électricien pour la société des Forces Motrices du Chéran. Le couple n’aura pas d’enfant.

Le maquis de Semnoz
En 1943, Octave « Toto » est le chef du maquis de Semnoz qui ne regroupe qu’une douzaine d’hommes, souvent réfractaires au S.T.O. dont Jean Boisset originaire de Bourg-en-Bresse[1], Marius Thomé, Pierre Valencot (neveu de Magnin), Jules Declercq dit « Jean » (citoyen belge).
Après s’être installé dans la grotte des Fours, le groupe redescend un peu pour éviter les rigueurs de l’hiver. En novembre 1943, ils trouvent refuge dans un chalet situé à la Combe à Cormet, au-dessus de Gruffy.
Les Allemands attaquent
Avant l’attaque des Glières, les Allemands ne s’attaquent pas tout de suite aux maquis de la région, préférant concentrer leurs efforts sur les arrestations de civils. Mais, dans la nuit du 12 novembre 1943, la première opération débute contre le maquis de Saint-Jeoire, suite à une manifestation organisée pour le 11 novembre devant un monument aux morts.
En décembre, c’est au tour du maquis de Semnoz d’être attaqué par la 12è compagnie du 3è bataillon et du SS Polizei-Regiment Todt. Barbie aurait été présent. En 1986, Louis Dalby le reconnaîtra formellement comme étant l’assassin de son père[2].
Alors que les Allemands (six camions) encerclent le chalet où se trouve le groupe, certains maquisards arrivent à s’enfuir. C’est le cas de Jean Boisset qui sera cependant pris à La Cluse le 7 avril 1944, au retour d’une opération conjointe avec le maquis de l’Ain[3].
Les Allemands ont capturé le jeune belge, l’interroge et se rendent avec lui ensuite à Gruffy. Jules Declercq n’a pas d’autre choix que de reconnaître que le boulanger -Henri Dalby (1893-1943)- ravitaille le maquis. Les Allemands l’abattent devant son fils de dix-sept ans et incendient sa boulangerie. Puis la chasse continue à Alby-sur-Chéran où ils trouvent le chef Octave Magnin. Declercq, vingt-trois ans et Octave Magnin sont alors abattus. La maison de ce dernier est pillée et incendiée.
« Ici, comme à Gruffy, les Allemands ont interdit toute sépulture. » Octave Magnin sera inhumé le lundi 13, dans la plus stricte intimité. « Quelques courageux, cependant, osent braver les sbires de la Gestapo présents, en suivant le cercueil jusqu’à sa dernière demeure[4]. »

Les Honneurs
Octave Magnin a obtenu la médaille de la résistance mais il ne semble pas qu’il ait obtenu la mention « Mort pour la France », c’est du moins ce que nous constatons sur le site « Mémoire des Hommes ». À titre posthume, on lui décernera également la Légion d’honneur en 1958 en tant que sous-lieutenant, résistant F.F.I. Son épouse, qui ne s’est pas remariée, s’éteint en 1985.

[1] Boisset était au chantier de jeunesse n°8 du Pont-de-l’Abîme au Chatelard.
[2] Germain, Michel. Le sang de la barbarie. Chronique de la Haute-Savoie pendant la Deuxième Guerre mondiale- septembre 1943-26 mars 1944. Montmélian, La fontaine de Siloe, 2001, 335 p., p.
[3] Il sera déporté à Buchenwald d’où il reviendra en 1945. Croix de guerre avec étoile d’argent.
[4] Germain, Michel. Le sang de la barbarie…, op.cit., p. 96.
Merci pour cet article fascinant. J’ai dans ma collection France Libre/FFI la Croix de Guerre de feu Jean Boisset avec sa citation et son bordereau de livraison.
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