Karol Pila -douze ans- qui ne voulait pas être tué à Auschwitz.
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« Je ne voulais pas être juif. Non parce que j’avais honte, mais pour ne pas être tué. J’ai voulu prendre un fil, pour attacher mon prépuce, pour montrer que je n’étais pas juif. Mais je n’y suis pas arrivé. Il ne me restait que les paroles, il fallait que j’arrive à les convaincre en paroles de me laisser travailler. Je n’étais pas grand, mais je voulais désarmer les Allemands, faire en sorte qu’ils aient un coeur, qu’ils aient pitié. (…)
Pour les SS, j’étais un jouet vivant. Je ne comprends pas d’où leur venait ce sadisme. Un SS me mettait une boîte de conserve sur la tête, il s’amusait à tirer. Il m’a dit un jour : « Tu veux que je tire plus bas ? » Je lui ai répondu : « Si ça vous amuse de tirer sur un enfant désarmé, ne vous gênez pas, personne ne me pleurera, mais le remords ne vous quittera jamais. » Il a rangé son arme et je l’ai vu s’éloigner en pleurant. Je ne sais pas comment j’ai fait.
Il y avait aussi deux SS qui me soulevaient par les oreilles. Chacun me prenait par une oreille, je hurlais de douleur, ils jouissaient de me voir souffrir. Après, ils m’ont jeté dans le grand réservoir d’eau qui était la piscine d’Auschwitz : c’était une piscine pour le folklore, pas pour la baignade. Je ne savais pas nager et ils le savaient. Ils m’ont balancé le plus loin possible dans l’eau, je suis revenu, épuisé, jusqu’au bord. Ils l’ont fait trois fois. Au moment où j’allais m’évanouir, ils ont été appelés ailleurs et ils m’ont abandonné. Il y avait aussi l’officier de cuisine qui me plongeait la tête dans un gros bac d’eau. Puis il me lâchait, et quand je me relevais, j’allais me fracasser la tête contre les robinets. Ils m’ont fait aussi participer à des combats de boxe avec d’autres déportés : évidemment, contre des plus grands que moi, ils étaient tous plus grands. »