Claudius Josserand est né le 7 mars 1905 à Neuville-les-Dames dans l’Ain. En 1918, sa famille vit à Prissé (Saône-et-Loire) où son père Michel exerce la profession de boulanger. Il a une sœur, Claudine-Marthe, née en 1908.
Claudius est scolarisé à l’école primaire de Berzé-la-Ville. Il réussit le concours des bourses des lycées et celui des écoles pratiques. Il choisit cette voie et il entre à la Prat’s le 1er octobre 1918 après avoir obtenu son « certif » en 1917. C’était un très bon élève se rappelle son institutrice. En effet, à dix-sept ans, il intègre les Arts-et-Métiers de Cluny ; nous sommes en 1922. Après ses trois années aux Arts, il commence à travailler simplement dans un atelier, pensant que ce stage est nécessaire pour parfaire sa formation d’ingénieur. Au contact des ouvriers, il apprend et saura devenir un chef juste et respecté. Pendant dix ans il travaille aux établissements Bocuze et Cie à Lyon puis à la société Radios à Bellegarde. En 1935, il ouvre son propre atelier d’équipements (phares et dynamos pour cycles) puis il fait bâtir l’usine « JOS ». En 1943, son usine est en plein essor. Il emploie déjà vingt-cinq ouvriers.

Tout va bien dans sa vie professionnelle et Claudius s’est marié avec Andrée. Ils ont deux enfants, Françoise et Pierre. Ce dernier, né en 1942, suivra les traces de son père : Arts-et-Métiers de Cluny (1960) et usine JOS (1966).
1939, la guerre éclate et Claudius Josserand, officier de réserve, rejoint son poste de combat. Il est officier d’aviation. En 1940, il retourne à la vie civile.
Nantua 14 décembre 1943
En 1943, la Résistance dans le département de l’Ain s’est largement développée et un symbole fort a été lancé aux Allemands le 11 novembre 1943 : les maquisards, sous les ordres de Romans-Petit, défilent à Oyonnax pour commémorer l’armistice de 1918. À Nantua, 150 personnes se rendent également au pied du monument, avec à leur tête, le sénateur Eugène Chanal.
La réaction ne se fait pas attendre. Selon le rapport du préfet Thoumas, le 14 décembre 1943 vers 7H50, 500 militaires allemands débarquent à Nantua. À leur tête, le lieutenant SS Moritz de la Sipo-Sd de Lyon. Ils bouclent les issues de la ville, occupent le bureau de poste et commencent à arrêter les hommes valides de 18 à 40 ans. Même le personnel du collège et 21 élèves n’y échappent pas. Rassemblés à la gare, les Nantuatiens sont au final 130 à être embarqués dans un train qui les conduira d’abord près de Compiègne (camp de Royallieu). Parmi eux, onze réussissent à s’échapper pendant le transport[1] mais 95 hommes ne reviendront pas de déportation. En effet, ils sont ensuite tous dirigés à Buchenwald.
On comptera également parmi les victimes de la journée du 14 décembre, le docteur Émile Mercier, chef de la résistance à Nantua, dénoncé et exécuté.
C. Josserand, arrestation, déportation
Claudius Josserand n’est pas arrêté à Nantua même mais sur la route d’Apremont alors qu’il se rendait à son atelier d’éclairages pour cycle. Était-il impliqué dans la résistance ? Rien ne permet de le préciser mais il en partageait tout du moins les idées. « La tranquillité à laquelle nous aspirons tous ne sera gagnée qu’au prix des sacrifices de beaucoup auxquels je ne songe pas à échapper. Je suis de plus en plus résolu à ne rien faire qui fasse de moi un privilégié[2] », écrivait-il à un ami.

Parti du camp de Royallieu le 22 janvier 1944, Claudius arrive donc à Buchenwald deux jours plus tard avec les Nantuatiens. Il sera le matricule 42781. Le 17 février 1944, il est affecté au Kommando de Dora. Le 8 mars, il envoie une dernière lettre à son épouse[3]. Il décède le 20 mars 1944. Il avait 39 ans.
À la mémoire de Claudius Josserand, la promotion 47-51 aux Arts-et-Métiers de Cluny prit son nom et son patronyme figure bien à Cluny sur les plaques des Gadz’Arts « Morts pour la France. »
L’opération à Nantua sera suivie en février et avril 1944 par les opérations Korporal et Frühling auxquelles a participé Lucien Doussot[4]. Lors de son procès, une question est restée sans réponse : « Lucien la Gestapo » était-il également présent à Nantua en décembre 1943 ?
[1] http://www.lalande2.com/index.php/autres-contributions/autres-anciens-eleves/la-rafle-de-nantua
[2] http://www.memoire-deportation-ain.fr/Data/Sites/1/Temoignages/Files/342.pdf
[3] Sa veuve va alors poursuivre l’aventure JOS. Après la guerre, Auguste Vaucansson devient associé de Madame Claudius Josserand. Durant les années 1950, JOS connaît le succès grâce notamment au marché vietnamien.
[4] Voir les articles sur Clunyhistoired’Histoire : Lucien Doussot et Klaus Barbie dans l’Ain : opération Korporal à Hauteville et L. Doussot et K. Barbie- Saint-Claude- Opération « Frühling ».
Message du fils de C. Josserand :
« Un de ses camarade de déportation , revenu mais décédé depuis m’avait informé sur le fait que mon père avait participé à des réunions de l’AS Nantua et qu’il avait été sollicité pour en être le chef compte tenu de son statut d’officier.
Il avait refusé du fait des difficultés du moment pour assurer la survie de son entreprise.
Dans le train de déportés il a refusé de sauter par crainte de représailles sur sa famille.
Ma mère m’a souvent raconté qu’il partait à moto à Cluny et elle supposait qu’il avait des contacts avec des gadz’arts résistants.
Ces infos manquent de rigueur historique mais ces témoignages sont dignes de foi.
Ses camarades de promo avaient édité un fascicule a sa mémoire et je suppose que vous en avez connaissance car j’en retrouve des extraits dans votre propos.
Merci de raviver la mémoire des pratsiens
résistants et en particulier celle de mon père. »
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