Faire venir des aviateurs, une initiative d’un mineur polonais
Par Cécile Beurier, JSL, 24 déc. 2019[1]

« Les Polonais du bassin minier ont suivi avec attention les événements concernant leur pays d’origine. La défaite puis l’exil du gouvernement en France, leur pays d’accueil, redonne du souffle au patriotisme des exilés. Certains rejoignent le gouvernement polonais à Paris ou l’armée polonaise en formation dans le Morbihan.
350 aviateurs venus de Bron
Parmi les mineurs polonais de Montceau, Stanislaw Rychlik est président régional du Comité de liaison des associations polonaises. Pour défendre la Pologne envahie après seulement 21 ans d’indépendance, il s’efforce d’engager le réseau associatif dans la lutte contre l’Allemagne. Il est à l’initiative de la venue des aviateurs dans les familles polonaises du bassin minier. Le 12 décembre, il prévient le sous-préfet de Chalon-sur-Saône que « 350 soldats, aviateurs polonais stationnés actuellement à la base aérienne de Bron, doivent venir passer les fêtes de Noël en permission régulière dans les communes du bassin minier. Ils seront reçus et hébergés pendant quatre jours par les familles de leurs compatriotes. »

Des liens durables entre les aviateurs et leurs hôtes
Le 24 décembre, les aviateurs arrivent en gare de Montceau et sont répartis dans les familles polonaises. Dans les foyers, de nombreuses anecdotes se racontent et se transmettent encore à propos de ce Noël 1939. Notamment, trois aviateurs qui ont finalement épousé une jeune fille de la famille d’accueil. Beaucoup sont revenus en séjour à Pâques 1940 et ont entretenu des liens durables. En juin 1940, à la demande d’armistice du maréchal Pétain, le gouvernement polonais quitte la France pour le Royaume-Uni, en même temps que le général de Gaulle. Les aviateurs polonais le suivent et intègrent alors la Royal Air Force. Quant aux Polonais du bassin minier, ce Noël 1939 a fait office pour eux de déclencheur : ils ont commencé à organiser un réseau de résistance, de passage de la ligne de démarcation, d’hébergement et de soutien.
Stanislaw Rychlik est finalement arrêté le 18 juin 1943 et déporté avec ses deux fils, au Struthof puis à Dachau. Il a disparu en mai 1945, lors de la “marche de la mort” précédant la reddition allemande.
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[1] https://c.lejsl.com/edition-montceau-les-mines/2019/12/24/faire-venir-des-aviateurs-une-initiative-d-un-mineur-polonais#