« Je pensais que les gens qui vivaient auprès d’une fausse commune, qu’elle soit petite ou grande – et la plus grande fausse commune contient plus de 50 000 Juifs – étaient traumatisés ou bien déménageaient. C’est rarement le cas. »
A podcaster l’émission du 19 novembre sur France Culture consacrée à la Shoah par balles.
« Le Père Desbois[1] a consacré sa vie aux recherches sur la Shoah, au combat contre l’antisémitisme et à l’amélioration des relations entre catholiques et Juifs. Patrick Desbois est prêtre catholique et Président de Yahad-In Unum. Le Père Patrick Desbois est professeur à l’université de Georgetown (Center for Jewish Civilization) à Washington D.C. où il enseigne l’histoire de la Shoah. Il a été directeur du Comité épiscopal pour les relations entre catholiques et Juifs de la Conférence des évêques de France de 1999 à 2016. Son grand-père a été prisonnier de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale au camp Rawa Ruska sur la frontière entre la Pologne et l’Ukraine. Il a commencé en 2004 à faire des recherches sur les Juifs, les Roms et les autres victimes assassinées en Europe de l’Est par les unités nazies mobiles : les Einsatzgruppen. Le travail qu’il accomplit avec Yahad a été salué par de nombreuses distinctions et est suivi en France et dans le monde entier. »
La mission de Yahad-In Unum
« Notre organisation cherche à mettre en lumière un chapitre de l’histoire passé trop longtemps sous silence. Dans l’ex-Union soviétique, nous recherchons des témoins oculaires des exécutions de Juifs et de Roms ; nous travaillons également à identifier chacun des sites d’exécution et fosses communes.
Les témoins survivants ont à présent plus de 80 ans et leur récit personnel de l’histoire ne sera bientôt plus possible. Les opportunités pour recueillir ces preuves vont disparaître rapidement. Sans ces témoignages il sera impossible de repérer la localisation des fosses communes et de récolter des preuves du génocide.
Yahad – In Unum travaille pour cela de trois manières :
1. Enquêter
2. Eduquer
3. S’engager »
L’enquête : 6 910 témoignages
« Yahad – In Unum identifie les sites d’exécution de Juifs et recueille des traces balistiques des fusillades. Notre équipe enregistre et filme les récits des témoins de ces massacres. Jusqu’à ce jour, Yahad a effectué des recherches sur 2,863 sites d’exécutions et a rassemblé 6,910 témoignages au cours de 124 séjours de recherche dans huit pays (Ukraine, Biélorussie, Russie, Pologne, Roumanie, Moldavie, Latvia, Slovakia, Estonia, Lituanie et la République de Macédoine)[3]. »
La Shoah par balles, un livre du Père Desbois (2019)
« On dit au début de la Bible, que la Terre a avalé le sang. Je pensais que les gens qui vivaient auprès d’une fausse commune, qu’elle soit petite ou grande – et la plus grande fausse commune contient plus de 50 000 Juifs – étaient traumatisés ou bien déménageaient. C’est rarement le cas. »

[1] « Ordonné prêtre en 1986, le Père Patrick Desbois a commencé en 2004 ses recherches sur les Juifs, les Roms et les autres victimes assassinées en Europe de l’Est par les unités nazies mobiles, les Einsatzgruppen, entre 1941 et 1944. Docteur honoris causa de plusieurs universités, professeur à l’université de Georgetown (Washington DC), le travail du Père Patrick Desbois est salué sur la scène internationale par de nombreux prix et distinctions. »
[2] Lire la suite sur le site : https://www.yahadinunum.org/fr/
De Sylvie Guimet : « La remarque P. Desbois sur les riverains des fosses communes (ses enquêtes en Ukraine) pourrait s’étendre, hélas, à d’autres voisins ou habitants de lieux oubliés de crimes de masse (génocides même) qui ne font l’objet d’aucune tradition mémorielle .
(Une chambre à gaz des débuts d’Auschwitz aurait été longtemps habitée par des Polonais . D’autres exemples me trottent par la tête dont Baby Yar jusque très récemment ).
Dans un autre genre, si j’ose dire : entendu ce matin Ariane Ascaride( fr-inter) évoquant le cimetière qu’est devenu la Méditerranée pour tant d’infortunés migrants et son malaise à s’y baigner désormais…. »
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