Gabriel Calamand est né à Saint-Claude (Jura) le 21 juillet 1897. Il épouse Lucienne Pernet à Saint-Claude le 1er juin 1921.

Mobilisé en 1915, Calamand sera blessé lors de l’attaque des monts de Flandres. Il reçoit la croix de guerre en 1917, trois titres à la médaille militaire 1914-1918 et deux citations.


Industriel à Oyonnax, il entre dans la Résistance dès l’armistice de 1940 pendant que Lucienne sa femme, assure la surveillance de l’usine qui travaille pour l’armée. Leur entreprise sera transférée ultérieurement à Saint-Gaudens.

Selon Dominique Veillon[1]-historienne du mouvement Franc-Tireur-, on retrouve le couple à Fontaine-sur-Saône. Là, ils animent un groupe : les Volontaires de Fontaines avec le docteur Cuzin, Abret père et fils, le receveur des postes de Fontaines et C. Rey de Lyon. Ce dernier orientera Gabriel et son épouse vers le mouvement Franc-Tireur.

Le couple Calamand assure la distribution de tracts dans le Jura et hébergent des membres du mouvement dont son chef, Jean-Pierre Levy. Avec Henri Deschamps, Calamand participe à des opérations de parachutage destinées à fournir des armes aux Groupes francs de Raymond Deleule, adjoint direct de Jean-Pierre Levy. C’est peut-être dans ce cadre que Marie-Louise Zimberlin et Gabriel Calamand se rencontreront à Cluny, Marie-Louise Clément se bornant à signaler, en 1945, que la Zim a accueilli, chez elle, le résistant « Clovis » de Fontaine-sur-Saône.

Sur les activités en résistance de Calamand, nous disposons de sources assez précises conservées aux archives nationales[2] : début 1942, deux opérations sont réussies près de Clairvaux-Les Lacs puis en novembre, à Courlans, un atterrissage permet de faire partir le général d’Astier ainsi qu’Yvon Morandat et de récupérer du matériel radio. Début 1943, un nouveau parachutage de neuf containers est réussi dans les environs de Villars-les-Dombes (terrain épinard), permettant de distribuer du matériel[3] aux Groupes francs de Lyon (Colonel Berthet et Dubreuil).

La véritable identité de « Clovis » (pseudo de Calamand) est découverte par les Allemands. Est-ce une coïncidence ?  Le 3 avril, Hervé Monjaret et Lucie Ferlet ont été arrêtés à Lyon, avenue Jean Jaurès[4]. Le 4 avril 1943, le couple Calamand échappe de peu à la Gestapo puisqu’ils sont près de Pont-de-Poitte pour récupérer deux Canadiens avec du matériel radio. Ils quittent Fontaine-sur-Saône en ayant le temps de déménager, dans la nuit du 4, ce qui restait de matériel pouvant encore servir aux G.F. La Gestapo revient le 5, fait chou blanc mais déménage fin juin tout le contenu de l’appartement confortablement meublé du couple. Ils ne retrouveront aucun de leurs biens après la guerre. Détenteur de plusieurs brevets d’invention, Gabriel Calamand connaîtra de réelles difficultés quand il reprendra son activité professionnelle.

G. Calamand, Saint-Etienne[5]

Raymond Deleule[6] confie à Calamand, en avril 1943, la formation des Groupes francs pour l’Ain, le Jura et la Saône-et-Loire. Calamand devient le chef des M.U.R pour la Loire après l’arrestation de Robert Kahn[7] puis, à la Libération, président du Comité départemental de Libération de la Loire.

Gabriel Calamand a reçu la médaille de la Résistance avec rosette en 1946 et la croix de guerre le 10 février 1947. Aux côtés de son époux dans tous ses combats de 1940 à 1944, Lucienne Calamand a également reçu la médaille de la Résistance avec rosette le 3 janvier 1946, la croix du combattant 199-1945 et la croix du combattant volontaire de la résistance.

G. Calamand décède à Saint-Étienne le 1er septembre 1959.


[1] Veillon, Dominique. Le « Franc-tireur » : Un journal clandestin, un mouvement de Résistance, 1940-1944. Paris : Flammarion, 1977, 428 p., p. 186.

[2] Rapport sur les activités de résistance de Gabriel Calamand. https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/consultationIR.action?irId=FRAN_IR_053870&udId=cu00dioz2s6–5uzcavmt4t9c&details=true&gotoArchivesNums=false&auSeinIR=true&fullText=calamand&optionFullText=ET

[3] Explosifs pour sabotage, 66 mitraillettes et 40 pistolets 9 mm avec munitions.

[4] Voir l’article : Marie-Louise Zimberlin et Joseph Monjaret « Hervé ». Monjaret saura, après la guerre, qu’il a été dénoncé par un camarade « père de deux fillettes ». Ce dernier décédera en déportation.

[5] http://noms.rues.st.etienne.free.fr/rues/calamand.html

[6] Raymond Deleule (1902-1961) est adjoint direct de J-P. Levy et un des responsables de Franc-Tireur pour la zone sud.

[7] Chef départemental des M.U.R. de la Loire, R. Kahn a été arrêté le 30 août 1943, libéré par l’intervention de Lucie Aubrac à l’hôpital de Bellevue puis repris à Lyon le  22 septembre. Emprisonné à Montluc, il sera assassiné à Bron avec 108 autres civils ou prisonniers le 17 août 1944.