De Béziers à Cluny, parcours d’un résistant.

Émile Tourrenc est né à Mustapha en Algérie le 26 février 1890[1]. À 20 ans, il vient en métropole pour y effectuer son service militaire. En 1916, il est blessé grièvement à la bataille de la Somme[2] et finit la guerre avec deux citations et une croix de guerre.

Tourrenc est titulaire du baccalauréat (1918) et il a suivi une première année de droit à la faculté de Montpellier.

Il sera successivement professeur à l’École pratique de Dunkerque (1923) puis à Béziers en 1927. C’est là qu’il s’installe avec son épouse, Marthe Ayral qu’il a épousée en 1917 à Brens (Tarn). Très investi à Béziers, il est décoré du Mérite social en 1933[3] pour services rendus aux œuvres sociales de la ville. Il milite également dans les rangs de la SFIO et la Ligue des Droits de l’homme.

Muté à Cluny car franc-maçon

En maçonnerie, il est vénérable de la loge Action sociale de Béziers. C’est ce qui lui vaut, en mars 1941, une mutation d’office à l’École pratique de Cluny où il exerce comme « professeur adjoint ». Il arrive en terrain favorable puisque plusieurs de ses collègues de La Prat’s ou des Arts-et-Métiers appartiennent eux à la loge Les Arts réunis de Mâcon : Roger Thomas, René Angebaud et Paul Degueurce.

Tourrenc restera à La Prat’s jusqu’au 9 décembre et pas un jour de plus. On le relève alors définitivement de ses fonctions pour son appartenance à la franc-maçonnerie, à l’instar de Thomas et d’Angebaud. Son passage à Cluny lui a-t-il permis de nouer d’autres contacts dans le milieu de la résistance ? Nous ne le savons pas.

Chef régional adjoint des maquis des MUR

De retour à Béziers, il s’engage en résistance et devient chef départemental adjoint de l’AS pour la région R3-2.

 « Recherché par la Gestapo, il se fixa dans la région de Lamalou-les-Bains (Hérault) en mai 1943. Après l’organisation d’un premier maquis dans la Montagne Noire, il devint chef départemental puis chef régional adjoint des maquis des MUR. Après avoir participé aux combats de la Libération, il fut, durant l’automne 1944 chef du 2e bureau de l’État-major départemental puis commandant en chef du service de renseignements généraux. En 1945, il fut, jusqu’à sa démobilisation, officier régional de presse. Revenu à la vie civile avec le grade de lieutenant, il obtint celui de capitaine au titre de son engagement dans les FFI[4]. » Il reprendra ses activités en franc-maçonnerie et dans la Ligue des Droits de l’homme.

Registre matricule militaire, Émile Tourrenc. FR ANOM 2 RM 136

Tourrenc prendra sa retraite à Nice. En 1962, il est nommé officier dans l’ordre de la légion d’Honneur comme président de la Fédération Nationale des Combattants Républicains des Alpes-Maritimes.


[1] Son père, Pierre, est originaire de Lozère. À sa naissance, le nom de sa mère est inconnu.

[2] Il est réformé à 50%.

[3] Nommé officier du Mérite social en 1938.

[4] http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article184323, notice TOURRENC Émile, pseudos Trajan, Thierry, Caroux, Commandant Caroux par Olivier Dedieu, version mise en ligne le 28 août 2016, dernière modification le 16 décembre 2016.