Introduction

La fondation de l’Hôpital Notre-Dame de Cluny en 1627 est à l’origine du Centre Hospitalier de Cluny, devenu au 1er janvier 2019 le Centre Hospitalier du Clunisois suite à sa fusion avec celui de Tramayes. Depuis bientôt 400 ans, cette institution accueille les malades et les personnes âgées de la région. Au cours des mois à venir, nous évoquerons son évolution à travers les siècles.

La fondation de l’institution

Le testament de Julien Griffon

Le 20 octobre 1625, Julien Griffon, prêtre sociétaire de l’église Notre-Dame de Cluny, malade  et ne voulant pas mourir sans avoir disposer de ses biens rédige son testament dans sa maison d’habitation par devant Maître Michel LITAUD, notaire royal à Cluny, en présence des témoins requis Nicolas HENRYOT, curé de l’église Notre-Dame de Cluny, Claude BALLAND, prêtre sociétaire en l’église Saint-Mayeul, Gaspard GENTIL, prêtre sociétaire en l’église Notre-Dame, Claude VIGIER, tailleur d’habits, Jean BLANCHOT, cordonnier, Louis LEBOURG, marchand et Jean PIATOR, clerc, tous de Cluny.

Le testament débute par la désignation de ses héritiers particuliers en délaissant à chacun d’eux une somme allant de 5 sols à quelques dizaines de livres suivant les héritiers désignés et ainsi fait les désistant du résidu de ses biens. L’archidiacre de l’abbaye de Cluny, Hugues GRIFFON, son frère, et la plupart de ses neveux et nièces recevront la très modique somme de 5 sols. Après avoir rédigé quelques dispositions particulières en faveur du notaire, il lègue ensuite tous ses biens pour « fonder et commencer dans cette ville de Cluny un hôpital en l’honneur de Dieu et de la Vierge Marie qui s’appellera l’hôpital Notre-Dame et en donne la charge aux échevins et « scindicq » de la ville de Cluny et à Michel LITAUD, notaire royal, exécuteur du testament » et demande que le revenu de ses biens soit employé à la nourriture des pauvres nécessiteux qui seront mis dans cet hôpital sans qu’ils ne puissent les employer en d’autres lieux et que si ses dispositions ne sont pas exécutées, il ordonne que tous ses biens soient donnés à l’hôpital de Mâcon.

Dessin de l’hôpital Notre-Dame extrait d’un dessin de la ville par Michel BOUILLOT

Le décès de Julien GRIFFON et l’inventaire de ses biens

Julien GRIFFON décède le 13 juin 1626 et l’inventaire de ses biens par Etienne ALAMARTINE, juge-mage, assisté de son greffier débutera le 15 juin et se terminera le 23 juillet suivant. L’inventaire recensent plus de cinq cents actes cotés et le montant des biens s’élèvera à la somme de 10 876 livres 12 sols et 7 deniers. Le premier jour de l’inventaire, jour de la levée des scellés posés sur la porte d’entrée de sa maison, l’abbaye de Cluny envoie un religieux pour contester les modalités de l’inventaire du fait que Julien Griffon était le gestionnaire de la société de la paroisse Notre-Dame et relevait donc du ressort de l’abbaye. Estienne ALAMARTINE refusa et tint bon devant la pression exercée et l’inventaire se déroula sans la présence des religieux de l’abbaye.

La création de l’institution

Etienne ALAMARTINE, juge-mage de Cluny, Etienne BRIDET, procureur fiscal, et  des échevins de la ville sollicitent Jacques VENY D’ARBOUSE, abbé de Cluny, pour l’autorisation de fonder l’hôpital sur l’emplacement d’une tannerie appartenant à Benoit GALAND située au sud de la ville proche des grilles de la Chaîne permettant l’alimentation en eau du bâtiment. Le 9 mai 1627, l’abbé autorise la fondation de l’institution, confie sa gestion « à perpétuité » aux échevins et » scindicq » de la ville de Cluny. Il accepte qu’il soit construit à l’emplacement souhaité et permet au nouvel hôpital de prélever de l’eau dans le canal de la Chaîne de façon modérée et sans abus et sans que cela entrave le fonctionnement des moulins de l’abbaye. En complément, l’abbé ajoute les charges et revenus des bâtiments et jardins du jeu de paume ancien hôpital Saint-Jacques situé près de la porte de la Chanaise.

Les administrateurs sont désignés parmi les échevins de la ville dès 1627. Pour cette première année, Philibert DUMONT, Hugues GRIFFON, Claude DELAROUE et Jean TUPINIER assurent cette fonction.

Le deux juillet 1627, les administrateurs de l’hôpital procèdent à l’acquisition de la propriété de Benoit GALAND et Jeanne PAULMIER, son épouse à savoir une maison haute, une maison basse jardin et autres aisances pour un montant de 721 livres. Cette propriété est achetée pour bâtir l’hôpital. Jusqu’en 1633, l’activité des administrateurs n’est retracée dans aucun document.

La gendarmerie au début du 20ème siècle. Il s’agit du bâtiment restant de l’hôpital Notre-Dame, désaffecté et ensuite loué à l’Etat vers 1750 pour être utilisé par la Gendarmerie jusqu’en 1969.

Que s’est-il passé entre 1627 et 1634 ? Comment ont été utilisés les revenus des biens de Julien Griffon ? Quelle a été l’utilisation de la propriété GALAND ?  C’est seulement à partir de l’année 1634 que les administrateurs présenteront de façon sommaire les comptes de l’année en faisant uniquement apparaître les montants totaux des recettes et des charges.

La suite dans un prochain article.


Sources : Archives du Centre Hospitalier de Cluny

Testament, pièces n°1 et 47.

Inventaire des biens n° B4

Autorisation de construction de Jacques VENY D’ARBOUSE n° 13

Comptes 1634-1674

Rédaction de l’article : Jean-Yves GONOD, Association Julien Griffon 1625