Dans l’armée française, l’ampleur des pertes -pendant la Grande Guerre- est énorme : 18% au moins des incorporés (soit 7.9 millions, troupes coloniales comprises) furent tués pendant le conflit ou dans les six mois qui ont suivi l’armistice. Cela représente 1.5 million de morts ou disparus. À ce chiffre il faut rajouter : 3.4 millions de blessés (dont 1/3 d’invalides) ; 0.5 million de prisonniers ; 2.5 millions de rescapés.

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La ville de Cluny compte 153 soldats « morts pour la France »

Cela représente 3.66% de la population, selon les chiffres du recensement de 1911. Parmi ces 153 soldats, 47.36% sont natifs de Cluny contre 52.63% qui ont établi là leur résidence, souvent pour des raisons professionnelles.

Les grades des Poilus de Cluny sur 141

  • 107 Hommes du rang dont 13 caporaux et 1 brigadier
  • 16 Officiers subalternes (capitaine, lieutenant, sous-lieutenant, médecin) dont 2 capitaines, 4 lieutenants, 9 sous-lieutenants, 1 médecin aide-major
  • 14 Sous-officiers (sergent, adjudant, adjudant-chef, major, maréchal des logis, maréchal des logis-chef) dont 1 adjudant et 9 sergents, 3 sergents majors, 1 maréchal des logis
  • 3 Officiers supérieurs (colonel, lieutenant-colonel, chef d’escadron, chef de bataillon, commandant), Antoine Léchères (colonel), Théodore Méhu et Louis d’Hauteville (chefs de bataillons)

Beaucoup de jeunes meurent au combat

La guerre massacre en priorité les hommes jeunes. Le principal facteur fut la durée d’exposition. C’est ainsi que 31% de la classe 1914 périrent alors que la classe 17, moins longtemps exposée, connaît trois fois moins de pertes que «ceux de la 14. »
Parmi les Clunisois, 31.29% ont entre 19 et 24 ans ; 29.25% entre 25 et 29 ans ; 17.68% entre 30 et 34 ans ; 17.68% entre 35 et 39 ans ; 3.4% ont 40 ans et plus.

Ceux de la classe 1914 seront 8.1% à mourir au combat, tandis que les Clunisois de la classe 1916 ne seront que 3.4%. Incorporés les derniers, ceux de la génération 1898, comme Noel Martin et Simon Mariotte, décéderont alors qu’ils n’ont pas fêté leurs vingt ans.

Leurs régiments

  • Régiments d’infanterie : 101 (dont 10 dans le 134e, 8 dans le 56e, 5 dans le 174e, 5 dans le 334e,)
  • Bataillons de chasseurs à pied : 14 dont 4 dans le 71e
  • Régiments d’infanterie coloniale : 6
  • Régiments du génie : 5
  • Régiments de marche de zouaves : 4
  • Bataillons de chasseurs alpins : 4
  • Régiments de dragons : 3
  • Régiments d’infanterie territoriale : 2
  • Régiments d’artillerie de campagne : 2
  • Régiments mixtes de zouaves et de tirailleurs : 1
  • Régiments d’artillerie lourde : 1
  • Régiment de marche des tirailleurs : 1
  • Inconnus : 7
  • Matelot électricien : 1
  • 2e groupe d’aviation : 1

Lieux de décès

  • Meuse : 36
  • Incorporés dans le 134 RI, Claude Alloin, François Barnaud, Louis Boussin et Jean Burtin, tous amis d’enfance peut-être, meurent à Apremont en octobre et novembre 1914.
  • Marne : 21
  • Somme : 16
  • Pas de Calais : 13
  • Aisne : 7
  • Haut-Rhin : 7
  • Vosges : 6
  • Meurthe et Moselle : 5
  • Moselle : 5
  • Oise : 4
  • Bas-Rhin : 2
  • Ardennes : 1
  • Etranger : 15 dont 7 Belgique, 4 Allemagne, 1 Hongrie, 1 Turquie, 1 Grèce, 1 Serbie
  • Inconnus : 8
  • Autres : 7

Des fratries

Certaines familles connaissent le malheur de perdre deux fils. C’est le cas des familles Arnaud, Baury, Dumonnet, Gaudinet, Josselin, Lecuyer, Michelet, Mondange, Ponceblanc. La famille Lacroze perd son fils André le 3 avril 1915. Le 29 mai de la même année, c’est au tour de leur deuxième fils -Jacques- de périr à Uffholtz dans le Haut-Rhin.

De milieu modeste

Les Clunisois qui meurent au combat sont issus de milieux modestes. Au moment où ils sont recensés, à l’âge de vingt ans, 41.5% sont agriculteurs, 41.5% employés, 37.9% artisans, 8.5% ouvriers et 3.6% professeurs ou instituteurs. 14.6% sont, à vingt ans, encore étudiants.

Beaucoup d’entre-eux sont mariés et ont des enfants mais dans la plupart des familles d’avant-guerre, l’homme est le seul à travailler. Lorsque le conflit commence, des femmes et des enfants se trouvent donc immédiatement sans aucune ressource. La loi du 5 août 1914 sur les familles nécessiteuses de mobilisés, dites allocations militaires, étend les bénéfices des allocations militaires (1,25 francs par jour, majorée de 50 cts par enfant) à l’ensemble des familles de mobilisés dont le soutien est appelé ou rappelé sous les drapeaux. Elle concerne les père, mère, grands-parents et collatéraux unis par un lien de droit avec le mobilisé.

Ce texte est modifié par différentes lois : celle du 9 août 1915 qui étend l’allocation aux victimes civiles tuées à la guerre ou prisonnières ; celle du 31 mars 1917 qui donne une majoration de 75 cts par enfant et pour les ascendants à charge ; celle du 4 août 1917 qui augmente l’allocation principale à 1, 50 francs avec une majoration en fonction du nombre d’enfants ; celle du 29 septembre 1917 qui donne une indemnité supplémentaire en cas de mobilisation du père et d’un ou plusieurs enfants vivant au foyer.

Certaines épouses ont la chance de conserver le salaire de leur mari, telle Gabrielle Clément qui touche son traitement plein de professeur puis, à son décès, la moitié de son salaire. A contrario, quelle a été la situation des femmes d’agriculteurs ou d’ouvriers ?
Pour toutes les veuves de guerre, l’État allouera une rente viagère de 563 francs. Mais cela suffisait-il pour vivre et élever des enfants ?
La France comptera un demi-million de jeunes veuves et un million d’orphelins.

Cimetière de Cluny – DR