Guillaume Zorn, assassiné en Crue
Joseph Guillaume Zorn est né le 1er mars 1910 à Berlin et vit cité de bel Air à Mâcon où il exerce la profession de sculpteur. Marié en 1933 à une fille Dubois de Cluny, ils ont quatre enfants. Courant juillet 1944, son épouse s’inquiète de sa disparition et une enquête est menée par le Parquet de Mâcon. Tout pousse à croire que Guillaume Zorn a disparu du côté de Bray avec la femme qui l’accompagnait, Melle Varennes. En décembre 1944, un certain Julien de Clessé fut entendu sur le meurtre de Zorn ; le corps fut exhumé et reconnu par sa femme au lieu-dit « Les Brosses » à Blanot le 3 avril 1945. Zorn est enterré ensuite à Mâcon. Le 19 mai 1945, le maire de Blanot rectifie l’état civil en portant mention du décès de Zorn sur sa commune.

Pourquoi Doussot a-t-il décidé de le tuer ? Zorn vient du côté de Cluny pour acheter du ravitaillement avec une demoiselle Varennes. Pas de chance : il parle plusieurs langues et a peut-être conservé un peu de son accent allemand, comme Jost. Difficile alors pour certains résistants, convaincus sûrement par Doussot, de penser qu’on peut être Alsacien, Allemand, mais pas forcément du mauvais côté.
Parti s’approvisionner, il a peut-être aussi un peu d’argent sur lui. De plus, la femme qui l’accompagne, semble -selon les sources dont nous disposons actuellement- être la sœur de Ferdinand Varennes, qui est passé du maquis de Cluny à la milice. On reproche à celui-ci d’avoir dénoncé les résistants clunisois Daget, Doridon, Courbet et Schmitt et d’avoir participé à des expéditions à Uchizy, Tournus et Martailly. Il aurait aussi dénoncé Josserand et Rigolet arrêtés le 28 juin par la milice (alors qu’ils passaient par hasard devant le siège) lors des exactions à Mâcon[1]. Sa sœur est donc coupable d’être de la même famille, Zorn l’accompagne et ils vont payer, sans pour autant être coupables de quoi que ce soit.
Zorn, d’après sa famille, sera affreusement torturé en Crue. Détail sordide, on lui demandera même de creuser sa propre tombe. Finalement, n’ayant pas le courage de le tuer, c’est un prisonnier allemand qui sera chargé de la basse besogne[2]. On ne connaît pas la date exacte de son décès qu’on peut fixer cependant après le 21 juillet 1944, puisque selon Lucien Thièche, Zorn sera le dernier à être assassiné en Crue.
Son épouse restera seule à Mâcon avec quatre gosses à élever. Dans la cour de l’école, c’est difficile pour les enfants, victimes des railleries des camarades, se souvient son fils. Tout Mâcon sait en effet que leur père a été tué par la « résistance ». Quant à Melle Varennes, on en fait peu de cas et on ne sait pas ce qu’elle est devenue. Peut-être a-t-elle subi le même sort que Marie Baigue, compagne de Jost dont nous parlerons dans le prochain article. En bref, en 1949, on a complètement oublié que Doussot a peut-être tué ou violé cette jeune femme en Crue.
[1] AD Côte d’Or, 31U5.
[2] Témoignage de la famille Zorn, octobre 2018.