Les ateliers dont l’emplacement est choisi au nord, peuvent accueillir environ 200 élèves. Une centaine d’élèves vont les inaugurer. La superficie à aménager en trois parties (Menuiserie, Ajustage et Machines-Outils, Forge) est de 52 mètres sur 10.

L’installation est faite par Monsieur Bazard, professeur de mécanique aux Arts qui devient le premier chef des travaux. Il y installe « ses machines-outils groupées (perceuse-raboteuse, étau-limeur, fraiseuse, machine à affûter les fraises, trois grands tours dont un de précision) ; sa force motrice au centre, son groupe électrogène, sa batterie d’accumulateurs ; ses moteurs électriques sur chaque machine […] son tronçon pour une série de petits tours, chacun d’eux ayant un embrayage particulier et tous se trouvant à proximité des étaux. » (Pierre Dameron)
Rien n’est facile : « Laissez-moi vous dire le souvenir que j’ai gardé de cette époque… Lorsque je pense à l’École, je vois avant tout de la boue, de la boue à n’en plus finir ; des bâtiments, des ateliers sortant de la boue ; des élèves, des professeurs, des conseillers municipaux même pataugeant à qui mieux mieux.» (Lettre de Monsieur Bazard à P. Dameron – 17 décembre 1919)
Aux difficultés d’installation, s’en ajoutent d’autres : la somme allouée pour payer les trois contremaîtres est de 3 000 Francs, soit 3.20 F par jour par personne alors qu’un ouvrier gagne lui 5 Francs par jour ; Pierre Dameron doit convaincre des artisans de venir donner des cours. La modicité des salaires l’oblige à leur faire des emplois du temps sur mesure leur permettant de maintenir une activité professionnelle parallèle à leur activité pédagogique. « Je dotais l’atelier de contremaîtres de valeur : l’avenir s’éclairait. » (Pierre Dameron)
Dans les années 1925-1930, on trouve la forge, le bois et le fer (celui-ci étant majoritaire pour la section Arts et Métiers). Le travail se fait surtout à la main. On porte un bleu pour l’atelier avec les « gabeux », des sabots, ainsi qu’un béret impérativement porté aux ateliers pour limiter les risques d’être pris dans une courroie. À l’époque les hivers étaient nettement plus rigoureux qu’aujourd’hui et il gelait fréquemment. Et, dans les ateliers, on se chauffe au bois : « Si à un mètre du poêle on rôtissait, un peu plus loin on grelottait et limer un morceau de ferraille gelé avec une lime gelée, ce n’est pas des plus agréable ! Nous allions à tour de rôle nous réchauffer un peu auprès du poêle et poser sur celui-ci notre pièce et notre lime. Le professeur, lui, passait son temps le dos au poêle. » (Jean Morineau, ancien élève).
On trouve à l’ajustage M. Teissage (LE BEB’S), M. Couder (LE TABAC), M. Rey (LE MATAF), à la forge M. Guillotin (LE CANARD) et à la menuiserie M. Bienfait (LE ZIGOM’S); le chef des travaux, c’était « L’OLIVE. » (Henri Gandrez, ancien élève). Dans le langage des élèves, on va aux « Atel »s » pour travailler à la Potac’s (menuiserie), ou à l’ajustage, « la Dérouille » ou « la Zarouille ».
« C’était le temps des limes, des traits-croisés, de la queue d’aronde, du burin, du bédane, du marteau qui ripait si souvent sur les mains. » (Jean Bernardin, ancien élève). « Les machines sont usées, il faut souvent rattraper le jeu… » En 1926, les sections les plus recherchées sont ajustage et menuiserie car « Les parents veulent tous faire de leurs enfants des mécaniciens-ajusteurs, des électriciens ou des menuisiers. » (Marius Deloire, directeur).
C’était un autre temps…
Ateliers la Prat’s-Cluny
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