La ville de Cluny compte quatre monuments et plaques commémoratives qui honorent les soldats de la Grande Guerre.
Parmi ceux-ci figurent un monument et deux plaques de marbre fort méconnus du grand public, ceux du lycée La Prat’s.


128 élèves et 5 professeurs ne reviendront pas. La majorité n’avaient pas 25 ans. Ils étaient dessinateurs, bourreliers, instituteurs, employés de commerce ou encore étudiants. Ancien élève, le soldat Simon Cochet, n’a pas fêté ses 18 ans lorsqu’il meurt à Fey-en-Haye (Meurthe-et-Moselle) en mars 1915.
Pierre Dameron -directeur de l’École- va perdre son neveu, Albert Meurier (1894-1915) et son gendre, Antoine Clément (1880-1914). Il se fait un devoir de perpétuer la mémoire de tous ceux qui tombèrent au champ d’honneur. Il décide donc d’ériger un monument dans l’École et d’installer deux plaques de marbre dans le hall d’entrée.


Pierre Dameron (1862-1944), directeur de l’École pratique de 1893 à 1919, connaît des générations d’élèves et de professeurs mobilisés. Certains même lui écrivent, comme cet ancien élève, le soldat Villeval.

Mis à part les grands lycées de Paris ou de province, rares sont les petits établissements qui ont les moyens financiers pour réaliser un projet aussi ambitieux. Pour ce faire, Dameron ne rechigne devant rien et lance une souscription auprès des Clunisois et des parents d’élèves. Il récolte ainsi 11 627 francs.
Le professeur Bannelier et Paul Janin, ancien élève, réfléchissent au monument. P. Dameron ne souhaite pas une «œuvre banale ». Janin, qui a vécu lui-aussi l’horreur des tranchées, dessine le bas-relief : sur un monolithe, il représente un mourant emporté par deux camarades. Le bronze sera coulé par des élèves fondeurs des Arts-et-Métiers, anciens de l’École pratique.
Le bloc de granit est trouvé à Saint-Maurice-de-Châteauneuf et nécessite d’être acheminé par 14 bœufs de la gare de Cluny jusqu’au Fouettin. Des appareils spéciaux de levage sont demandés aux établissements Schneider du Creusot pour installer cet imposant bloc de pierre devant l’entrée principale de l’École.

En novembre 1920, la cérémonie d’inauguration fut « intime, simple, émouvante ». Elle ne comprend que l’hymne de V. Hugo : « ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie », la Marseillaise et les discours strictement obligatoires.

À « ceux qui sont morts pour la Patrie »